En tant que musicien de jazz je suis assez consterné de voir l'étalage d'un non-sens pédagogique complet, en opposition totale avec l'enseignement de la musique qu'on dispense dans ce genre d'école (Berklee pour ne pas la citer) où on pousse justement l'instrumentiste à la recherche du plaisir, critère principal si ce n'est unique de la musique (surtout une comme le jazz qui essaie de faire taper du pied l'auditeur et non de se paumer dans des concepts Bouleziens), qui doit être ressenti par le musicien si celui-ci espère en transmettre un au public, non-sens qui s'explique par la très pauvre connaissance réelle qu'a le réalisateur du milieu et de cette musique, puisqu'il la réduit à des représentations lui provenant d'un cours de jazz dirigé par un connard qu'il aurait subi dans ses années lycées.
Mais tout ça on s'en fout, non ?
Bah oui c'est un film, et ce n'est pas la première ni la dernière fois qu'on verra des énormités lâchées sur l'art musical dans le cinéma ; il faut croire que c'est un motif récurrent dans ce mode d'expression.
Le film est lui-même comme un morceau de jazz, il se fait d'une traite, suivant un unique fil narratif, ne se décomposant pas en plusieurs morceaux distincts : la continuité est le maître mot du film et permet ainsi de porter le spectateur dans un unique élan, un unique souffle ; le film n'a pas de pause, pas d’ambiguïté scénaristique, il est comme l'ambition du héros, n'a qu'un seul but et emploie l'intégralité de son temps à y parvenir, sans digression aucune. On prend son souffle tout au début du film, et ne le relâche qu'à la fin. Les quelques moments de repos, ou d'égarement des personnages, ne sont que des moyens pour le héros de repartir dans sa quête avec d'autant plus d'ardeur.
L'emploi de vieux des standards des années 50 et la fascination pour Buddy Rich de nos jours peuvent laisser perplexes, mais force est de constater que non seulement le montage sonore est particulièrement réussi, toujours très en phase avec la mise en scène et le montage, mais les morceaux sont tous très bien arrangés (tous vos potes batteurs ont essayé de faire le fameux pattern de batterie de la version de Caravan du film, demandez-leur) et parviennent à maintenir la tension durant les moments musicaux (intra-diégétiques), qui d'ordinaires servent plutôt à marquer une pause dans la narration.
Miles Teller est flippé et attachant,
J K Simmons est absolument terrifiant.
Donc oui, j'aime bien Whiplash.