Deux ans après le réussi Frances Ha, le réalisateur Noah Baumbach revient avec un film traitant de la peur de vieillir, des conflits générationnels et du sens de la vie, en s'appuyant sur un casting solide avec Ben Stiller, Naomi Watts, Adam Driver et Amanda Seyfried. Il filme cette histoire dans un Brooklyn en pleine gentrification, en faisant référence à Woody Allen, mais peine à la rendre passionnante, en s'essoufflant après un début intéressant.


Josh (Ben Stiller) et Cornelia (Naomi Watts) sont un couple de quarantenaires amoureux, mais empêtrés dans la routine et sans enfants. Ils semblent s'en accommoder, malgré la naissance de Willow, le bébé de Fletcher (Adam Horovitz) et Marina (Maria Dizzia), leurs meilleurs amis. Mais l'irruption de Jamie (Adam Driver) et Darby (Amanda Seyfried) dans leur existence, va chambouler leur quotidien et redonner un second souffle à leur vie.


Le cinéma de Noah Baumbach fonctionne une fois sur deux, avec en point commun dans le premier rôle, Ben Stiller. Cela ressemble à leur précédente collaboration Greenberg, un film au premier abord passionnant, avant de perdre de son intérêt au fil des minutes. C'est le même constat devant son nouveau film, où Ben Stiller est une nouvelle fois impeccable, au contraire du scénario n'allant pas au fond des divers sujets qu'il aborde, en devenant convenu et prévisible.
Ce choc générationnel tourne à vide et devient vite ennuyeux, face au manque de subtilité des personnages et situations. Naomi Watts n'est pas vraiment à l'aise dans la comédie et cela se ressent dans ses tentatives pour danser sur du hip-hop, même si c'est toujours un plaisir d'entendre du Tupac Shakur dans un film. Cela ne fonctionne pas, comme lors de la navrante scène chez le chaman, où les vomissements s’enchaînent. C'est plus gênant que drôle, le film n'étant ni réussi dans sa volonté de nous faire sourire, ni dans son côté dramatique.


Frances Ha fonctionnait grâce à la folie communicative de Greta Gerwing et la beauté du noir et blanc, où Noah Baumbach flirtait déjà avec le cinéma de Woody Allen. Avec la présence d'Adam Driver à la distribution, on aurait pu penser qu'il en serait de même, tant il émane de lui une énergie contagieuse. Son rôle ressemble un peu à celui qu'il tient dans la série Girls, mais à l'image du film, il s'enlise et perd de son intérêt, coincé dans un costume qui ne lui sied pas vraiment.
Le long-métrage s'appuie trop sur le duo masculin, laissant de côté leurs femmes, qui deviennent des spectatrices face à leur amitié naissante. Amanda Seyfried fait office de plante verte et n'apporte strictement rien à l'histoire, mais comme il fallait confronter deux couples, sa présence d'un point de vue dramatique est malheureusement obligatoire.
Au contact de ce jeune couple, Ben Stiller et Naomi Watts semblent retrouver une seconde jeunesse, mais aussi une manière de combler le vide de leur existence, que seul un enfant semble pouvoir remplir. Ils sont pourtant connecté à leur époque, par le biais des réseaux sociaux, de leurs portables et télévision, mais cela ne suffit pas. Doivent-ils avoir un enfant pour s'occuper, comme un hobby ? Cela donnerait-il un sens à leur vie ? Ou la peur de vieillir est trop forte ? Le propos est ambigu et se perd dans des discours soporifiques sur la réalisation des documentaires et des moyens pour donner du sens à leurs propos.


Le fait de ne pas avoir d'enfants, semble être vu comme une anomalie. La société exige que l'être humain se reproduise, c'est le sens de sa vie. Le film martèle insidieusement ce propos, Noah Baumbach nous assomme avec ses idées, en se retrouvant seul au scénario. Il est comme ce couple d'ami venant d'avoir un enfant, expliquant que cela a changé leur vie, que c'est merveilleux, etc....Un discours pompeux, maintes fois entendu et qui semble surtout vouloir les conforter dans leur choix. Durant une heure trente, il va nous infliger cela, en voulant donner sa leçon sur la vie, en prêchant sa bonne parole. Mais celle-ci n'a aucune résonance dans mon esprit et l'ennui de ce pauvre couple blanc quarantenaire, me passe au-dessus. Ils s'ennuient et le spectateur aussi, face aux propos vains émanant de leurs longs bavardages se perdant dans l'immensité de la salle.
Puis ses jugements hâtifs, comme le fait de porter un chapeau fait "jeune"? Ce reproche fait à Ben Stiller est d'un ridicule, comme si on devait s'habiller de tel ou telle manière selon l'âge ou la statut social. Décidément, le film tente d'imposer les codes de la société de consommation, alors que c'est un film dit "d'auteur", c'est si contradictoire....
Il est vraiment difficile de s'intéresser à la vie de ces gens, à leurs problèmes existentiels et l'ennui nous rattrape très vite, face à la vacuité des propos.


Le prochain film de Noah Baumbach sera normalement intéressant, comme Les Berkman se séparent et Frances Ha, vu qu'il se rate une fois sur deux. En l’occurrence, cela sera Mistress America avec Greta Gerwig, aussi au scénario, cela semble être de bonne augure.

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le 23 juil. 2015

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Laurent Doe

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