West Side Story, l’exemple même de la comédie musicale made in Broadway vendue comme une référence devenue classique et qui n’est en fait qu’une barbante bluette à peine digne de Flashdance. On nous survend depuis des décennies cette soupe interminable et indigeste comme une des plus belles histoires d’amour du cinéma, mais ça c’est à condition d’apprécier le trop plein de sirop bien dégoulinant et écœurant qui colle aux doigts et rend malade d'ailleurs, vous reprendrez bien une double ration de crème, non ? Ce film ressemble aux gâteaux allemands, très jolis mais très lourds et sans finesse...

Soyons clair, cette atroce mixture repose sur deux alibis qui lui servent à justifier sa réputation. Il y a la musique de Bernstein, certes très agréable, le bonhomme était un grand, mais ici il pompe son inspiration sur Gershwin comme Yann Tiersen a pompé sur Erik Satie pour Amélie Poulain. Alors oui, c’est jazzy à souhait mais c’est très vite oubliable alors que Rhapsody In Blue, tout le monde se souvient de l’air. Le second alibi c’est William Shakespeare qui aurait inspiré ce film par son Roméo & Juliette, dieu que c’est douloureux de voir toute la force dramatique de la pièce envahie ici par des tonnes et des tonnes de mièvrerie. Tout ce qui faisait que la pièce était une tragédie absolue est ici balancé aux chiens comme de la bouffe avariée, ne reste que des « je t’aime plus que tu m’aimes » ridicules…

Et puis il y a le film en lui-même et ce prologue totalement risible sur le terrain de basket où de petits minets aux cheveux gominés, en jeans moule-bournes et polo Lacoste tentent avec le pathétique de rigueur, de jouer les petits caïds de banlieue sur des chorégraphies totalement déconnectées de l’ambiance du film. Pour rendre la chose crédible, on n’a pas hésité à leur mettre un peu de noir sur les joues, histoire qu’ils perdent un peu leur gueule de gendres idéaux. On n’y croit pas une seule seconde tant rien dans cette scène ne laisse penser que ces petits merdeux têtes à claques représentent un quelconque danger.

L’histoire d’amour donc…mièvre, niaise, gnangnan et racoleuse ! Elle vomira son trop plein de sucre et de bons sentiments sur vos fringues que vous pourrez alors jeter et fera monter votre diabète à des niveaux stratosphériques ! Le sommet du kitsch agaçant est atteint avec la chanson « Maria », chanson longue, lancinante, interminable, presque stressante et psalmodiée plus que chantée, un supplice digne de l’inquisition. C’est d’une laideur inégalée à ce jour, même si c’est une déclaration d’amour, c’est la pire jamais entendue et rien d’étonnant à ce que ça mène au suicide ce genre de choses. Ce passage est le plus représentatif de « l’œuvre » : plein de mauvais goût, mal filmé pour un film plein de chorégraphies épouvantables et pas raccords à une époque où les comédies musicales ont perdu leur gaieté et leur énergie pour céder la place à des ballets dansés avec un balai enfoncé là où vous voulez.

Reste un passage à sauver, tout à fait raccord celui-là, bourré d’énergie et de bonne humeur, la seule bonne séquelle des grandes comédies musicales : America. Sorte de duel dansé sur une formidable chanson, c’est plein de morgue bienvenue, les femmes sont belles, les hommes sont latins bref, la petite cerise sur le gros gâteau moisi. Il y a eu de grandes comédies musicales avant, il y en a eu de grandes après bref, West Side Story restera une petite péripétie qui ravira les fans scatophiles. Bon aller, on va se refaire Singin’ In The Rain, ça fera peut-être passer la nausée…

P.S.: opinion toute personnelle plus proche de l'exutoire qui fait du bien par où il passe que de la critique objective

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le 5 nov. 2013

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Jambalaya

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