A strange game. The only winning move is not to play. How about a nice game of chess?

J'ai toujours eu une certaine sympathie pour John Badham. L'homme n'est pas le plus grand réalisateur qui soit, loin s'en faut ! Mais il a un certain talent pour raconter ses histoires et emballer ses films avec efficacité, à défaut de génie.

Bien que Wargames ait été entamé par Martin Brest, il porte cette marque de fabrique "Badhamienne". Pas d'esbrouffe ou de fioriture dans la mise en scène, juste une recherche appliquée de comment raconter au mieux, le plus simplement du monde, cette histoire d'un jeune prodige de l'informatique qui se retrouve à pirater le centre de commande nucléaire US. Modeste dans la forme donc, Wargames a tout de même quelques qualités visuelles à faire valoir, à l'image du QG du Norad, digne d'un méchant de James Bond.

Mais c'est surtout dans ses thêmes que le film a fait son trou. A bien des égards, il est un des premiers films a avoir évoqué l'avènement de l'informatique et de toute sa sous-culture associée dans notre quotidien. Scénaristes et réalisateur(s) avaient bien fait leurs devoirs, interviewant divers hackers et autres computer geeks afin d'en faire une description réaliste au sein du film. Une des excellentes idées de Badham est d'avoir fait de son personnage principal quelqu'un de normal, un ado typique dans lequel chacun peut se retrouver. Il ne veut pas dominer le monde, juste s'amuser et impressionner la fille pour laquelle il a le béguin. Le fait qu'il soit doué avec les ordinateurs n'en fait pas de facto un anti social.

Si beaucoup se sont penchés sur l'aspect informatique de Wargames, on a assez peu évoqué la facette guerre froide du métrage. Et pourtant, il y a de quoi dire ! Wargames montre comment les USA et l'URSS sont sur le point de déclencher une guerre nucléaire, en grande partie à cause de ratés techniques (le piratage du WOPR). Or, en 1983, année de sortie du film, on était justement à 2 doigts d'un tel scénario ! Sous l'effet de l'opération RYAN entamé par Andropov et de l'exercice Able Archer 83 de Reagan, le bloc Soviétique était sur le point de lancer ses missiles nucléaires sur son adversaire. On sait même que dans ce contexte tendu, un opérateur Soviétique eut la bonne intuition de considérer comme une erreur informatique les informations qu'il recevait concernant l'envoi d'un missile US sur la Russie.

Alors, Wargames, oeuvre visionnaire ? Assurément oui.

Un bon article en Anglais compilant divers intervenants impliqués dans la création du film : http://www.wired.com/entertainment/hollywood/magazine/16-08/ff_wargames?currentPage=all

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le 12 mars 2013

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Palplathune

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