Avec une telle galerie de personnes impliquées autour de ce film, derrière ou devant la caméra, pour une grande partie habituée des comédies populaires des années 1990 à 2010, les qualités et les faiblesses du film sont déjà pressenties avant le visionnage.


L’histoire est signée Jared Stern, Seth Rogen et Evan Goldberg. Et si on identifie avant tout Seth comme le gros doudou un peu allumé des comédies de ces années, avec Evan ils ont aussi écrit un paquet de scénarios parfois délirants, dont Supergrave, Délire Express, C’est la fin, L’interview qui tue ou Sausage Party.


La réalisation est confié à Akiva Schaffer, membre du groupe humoristique The Lonely Island, qui avait travaillé en 2007 avec Will Ferrell sur Hot Rod et qui allait retrouver ses amis sur le très bon docufiction Popstar: Never Stop Never Stopping en 2016.


Et à l’affiche cette dreamteam, une belle galerie des acteurs américains comiques alors les plus en vues, avec Ben Stiller, Vince Vaughn et Jonah Hill, et même une importation anglaise mais bienvenue, l’acteur Richard Ayoade, le mythique Moss de l’excellente série britannique The IT Crowd.


Pour autant, même si Voisins du troisième type est bien une comédie américaine, dont elle reprend quelques tares de ces années, le film s’associe à un autre filon du cinéma des États-Unis, un certain sens du mystère et de l’aventure très années 1980, à la Amblin Entertainment. Toutes proportions bien gardées, tout de même.


Cette belle équipe se réunit à la suite d’un meurtre atroce et suspect dans le super-marché géré par l’un d’entre eux, pour former une brigade de surveillance du quartier et élucider cette mort. Evan, le manager en question interprété par Ben Stiller, est un homme bien intégré, membre de plusieurs clubs, toujours prêt à s’impliquer dans la vie de la communauté, au grand désarroi de sa femme qui préférait qu’il s’implique plutôt dans la conception d’enfants. Il est bien organisé, il se veut prêt pour tou, ce qui n’est pas du tout le cas de ceux qui vont se rassembler autour de lui.


Bob, joué par Vince Vaughn, est un grand bonhomme, fort en gueule, qui aime bien s’afficher, mais aussi un papa poule perturbé par l’adolescence de sa fille. Le jeune Franklin rejoint l’équipe pour calmer sa colère, recalé de l’école de police, ayant raté tous les tests, y compris et surtout psychologiques. Jonah Hill l’interprète. Quand à Richard Ayoade, il prend possession du rôle de Jamarcus, nouvel arrivé dans le quartier, divorcé, à la distance toute anglaise, mais à la libido qui le travaille.


Les personnalités sont bien marquées, aucun n’est vraiment inutile. Le film sera un peu souffreteux dans ses premières scènes, un peu lent à nous faire rire, ses qualités tardant à arriver. Parmi celles-ci leur bienheureuse camaraderie, très masculine, fraternelle, avec ses bières et ses plaisanteries autour des zizis. Quelques bas dans leur entente évidemment, pour mieux apprécier les hauts. Une drôle d’équipe, assurément, mais déterminée à protéger leur quartier et à élucider les mystères sur leur chemin.


Le film cherche à offrir un peu de profondeur à ses personnages, en partant de ce qu’il fait rire les scénaristes, le sexe masculin, pour évoquer la paternalité à gros gros traits rouges. Bob a peur que sa fille perde sa virginité trop vite dans les bras d’une grande asperge au grand sexe. Tandis que pour Evan ses évitements d’accouplements conjugaux pour procréer cachent un lourd secret, présenté sans grande finesse autour de la productivité de ses petits soldats. Le tout est un peu maladroit, car pas suffisamment exploité pour offrir un contre-poids à l'humour du film.


Dommage aussi que les acteurs ne soient pas tous très investis, se contentant de rejouer des prestations déjà vues ailleurs. Ben Stiller fait toujours la même tête, comme dans beaucoup des films de ces années. Vince Vaughn se montre plus expressif, mais pas assez crédible. Jonah Hill en petit dur au coeur plus doux semble à sa place tout comme le lunaire Richard Ayoade, mais on ne sent pas une plus grande implication, des comédiens investis dans une grande aventure.


Car c’est ce qui va leur arriver, quand ils vont se rendre compte que le mystère qu’ils ont à résoudre serait de nature extraterrestre. Une aventure à l’échelle du voisinage, mais tout de même, où il est assez amusant de constater le glissement de comportement de cette brigade de surveillance, qui va en venir à soupçonner tout le monde d’être un extra-terrestre. Et puisque des morts arrivent, qu’ils en viennent même à en être accusés, la petite pression sur leurs épaules qui arrive progressivement capture notre attention.


D’autant plus que s’il y a cette menace extraterrestre, à priori peu amicale, la police observe avec méfiance ses zigotos qui veulent se croire plus importants qu’ils ne sont selon la vision du Sergent Bressman. Lâche et méprisant, Will Forte lui offre une présence comique tout de suite remarquable, qui vient à manquer quand les agents de la force locale s’éloignent de cette brigade de surveillance.


Ce mystère de l’autre et de l’ailleurs intégré au quotidien, dans une petite ville comme tant d’autres, rappelle donc les productions Amblin, dont les meilleures savaient créer ce petit sentiment où il était question découvrir avec les personnages un autre monde que le leur et donc du nôtre.


Une franchise aurait pu développer cette brigade de surveillance atypique, confrontée à d’autres menaces du voisinage (des voisins qui votent Trump par exemple ?). Mais une réalisation un peu trop sommaire, trop classique, des acteurs un peu trop en retraits et un humour un peu trop en dessous de la ceinture (ajouté en cours de route pour plaire aux adolescents et jeunes adultes) n’a pas fait du film un grand succès, couvrant difficilement les frais engagés. Et comme si cela ne suffisait pas le métrage a souffert de la proximité d’un médiatique fait divers impliquant un membre de surveillance du voisinage à Sanford en Florique. La suite qui aurait pu corriger et améliorer le tir ne verra donc pas le jour.

SimplySmackkk
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le 2 oct. 2021

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SimplySmackkk

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