Vice : L’influence et pouvoir de l’homme de l’ombre dans la politique américaine

Après le marquant The big Short, l’association de Brad Pitt (en tant que producteur) et du réalisateur Adam Mckay propose un nouveau film, admirablement bien construit, sur une des personnes les plus sécrètes et détestées du monde entier, sans que ce dernier le sache vraiment. Vous le comprendrez en regardant le film jusqu’au bout (générique de fin compris, même si n’est pas un Marvel). Après soit t’es cinéphile ou soit t’es cinéphile, même en cette période particulière ! ;-)


Même le titre du film n’ose pas la nommer, en évoquant un terme ambivalent et vague (Vice), pour démontrer à quel point il est question d’un homme agissant dans l’ombre, pour obtenir un poste clé et influent dans l’administration de la Maison Blanche. J’ai nommé Dick Cheney interprété par un Christian Bale, criant de vérité, tout en retenue exigée pour son rôle.


Epaulé par son épouse, Lynne Cheney, jouée par la talentueuse Amy Adams (Premier Contact, Nocturnal Animals), est le véritable pilier de la famille, tout en faisant preuve d’une grande ambition sur le devenir de son couple. Ce n’est pas la seule représentante féminine de ce clan familial. Nous avons Alison Pill, la fille assumant sa sexualité, et Lily Rabe (American Horror Story), celle voulant marcher sur les traces de son père, dont le temps de présence à l’écran est moins conséquent que celui d’Amy.


Bien évidement, comme dans The Big Short, Steve Carrel est de la partie, jouant le mentor se faisant dépassé par son élève. Et quel plaisir de découvrir Sam Rockwell en G.W. Bush Jr., complètement dépassé par les rouages de la politique américaine, préférant manger des manchons de poulet ^^. Tyler Perry se retrouve ici à contre emploi en incarnant un Colin Powell, convaincant.


Au niveau de réalisation d’Adam Mckay, j’ai apprécié le générique, apparaissant quelques minutes après avoir posé le socle de son film : le couple Cheney. Il a un grain et une écriture ressemblant aux films du Nouvel Hollywood des années 70 étant, assez souvent, une charge virulente envers la société ou la politique américaine. Ce parti pris est cohérent avec le propos voulu dans le long métrage. Le metteur en scène se permet des fantaisies pour nous induire en erreur (un générique impromptu) ou créer un effet comique insoupçonné à travers une scène dans l’esprit de Shakespeare. Il est impossible de passer sous silence la scène excellente et d’un cynisme absolu se déroulant dans un restaurant où le sous exploité Alfred Molina explique le menu à ses clients. Clairement une des meilleures du film. Et il y a en d’autres !!!


Grâce à la destinée politique de Cheney, on redécouvre l’évolution de la politique républicaine américaine des années 70 jusqu’aux années 2000 avec Bush Jr. et son rôle dans celle-ci. Elle a même eu des conséquences particulières sur la société en donnant la possibilité aux médias d'opinion comme Fox News d’exister.


A un moment donné, Cheney est mécontent d’un article du journaliste Plame remettant en cause sa politique mise en place sous l’administration de Bush Jr. Il demande, alors à un de ses subordonnés un moyen de le mettre sur la touche. C’est un clin d’œil direct à Fair Game relatant l’intégralité de l’affaire avec Naomi Watts que je vous conseille de découvrir. Cette dernière joue, ici, une présentatrice de Fox News, faisant écho à un autre film sorti, il y a peu de temps, Scandal.


Ainsi, ce Vice permet de comprendre comment le monde actuel a basculé, en faisant voter des lois contestables, avec des termes moins agressifs (Ex : changement climatique au lieu de réchauffement climatique, interrogatoire renforcé au lieu de torture), pour les faire passer en douceur. Et tout cela dans le but d’éviter une rébellion de l’intégralité de la population. Cela fonctionne parce que certains s’intéressent plus à la sortie du dernier Fast and Furious qu’à la politique, d’après les propos d’un des personnages du film.


C’est un film percutant, brillamment mis en scène, et mené par un casting impeccable, auquel je peux confirmer au scénariste/ réalisateur qu’il a bien bossé, putain !


Je ne peux pas terminer ce papier sans rappeler cette citation anonyme :



Méfiez-vous de l’homme silencieux. Car pendant que les autres
parlent, il regarde. Et pendant qu’ils agissent, il réfléchit. Et
quand ils se reposent …il frappe.


Hawk
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le 4 avr. 2020

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