Vesper Chronicles par jean-taulier

Au moins, il n’y a pas d’artifices. Le film est (un peu) crasseux, c’est sale, et il n’y a pas de filtre instagram dégueulasse. On a un truc un peu réel, avec de la boue, de la terre, de la crasse (enfin bon on aurait aimé un peu plus de visages ravagés par la vie parce que là bon ils sont tous plus beaux que moi). Le problème, c’est qu’à part ça, on n’a pas l’impression que Vesper Chronicles, ça a grand-chose à raconter. A mon avis, le film avait pourtant plein d'options. Il pouvait prendre la direction SF, et celle de la lutte des classes, avec les prolétaires pauvres qui luttent pour de la nourriture contre les citadelles riches. Il pouvait faire de la contemplation et filmer l’apocalypse, la faim, la détresse. Ou alors prendre la direction survival, avec des gens qui tentent de survivre dans un environnement hostile, avec ce que ça entraine sur les relations humaines. Et le film pose les bases de ces directions dès le début, mais ne prend aucune direction et on a l’impression qu’il reste en plan, qu’il n’avance pas : la lutte des classes est au même point au début et à la fin, et le survival, le film n’y va jamais vraiment. On a une forêt qui censée être dangereuse et inquiétante, mais on n’a jamais de danger. Les quelques plantes dangereuses sont réparties ici et là et on ne les voit quasiment jamais, sinon c’est une forêt normale avec des arbres, des mauvaises herbes et des personnages qui marchent tranquillement dedans, sans qu’on ne les sente jamais en danger, en tout cas pas à cause de la forêt. Quant au danger qui vient des hommes, bon, ça tourne en rond et rien n’avance vraiment. On comprend rien d’ailleurs à pourquoi il y a un mec qui a décidé d’être un fdp même avec sa propre famille. Enfin bon pourquoi pas. Du coup on a une situation de départ, avec une fille et son père qui sont isolés car ils ne s’entendent pas avec les autres, et puis ça reste comme ça. Aucune des péripéties ne fait avancer les personnages, ne les fait évoluer. Les personnages sont dans un décor, ils ne sont pas jetés dans l’apocalypse. Les réalisateurs ne jettent pas leurs personnages dans ce monde là. La fille riche de la citadelle s’écrase, et les deux deviennent super amies rapidement, sans qu'on sache trop comment, et plutôt que de jeter ces deux filles dans le chaos du monde et de faire naître leur amitié au gré des traumatismes qu’elles vivraient, on nous montre une scène censée montrer leur complicité et où elles hurlent des bruits d’animaux (en pleine nuit d’ailleurs dans une forêt hostile mais bon). La fille vole des graines censées assurer la récolte de tout un village, mais tout le monde a l'air de s'en foutre, le village ne meurt pas de faim, aucune conséquence. Le chef du village détraque le cerveau du père de la fille, mais elle le répare la scène d'après, aucune conséquence. La fille se fait courser par quatre jeunes qui veulent l’agresser, et là on se dit que ça va commencer à déraper, qu’elle va vivre quelque chose de grave qui va la faire avancer, et puis non, ils lui mettent une croix sur la main et ils se barrent tranquillement, aucune conséquence sur l’histoire (ils auraient pu la détrousser, l’agresser, voire pire… que pourraient bien faire 4 adolescents dans la fleur de l’âge qui tombent sur une jeune fille dans un monde apocalyptique sans foi ni loi ?). Bref, tout a l’air d’être un peu du remplissage, et rien n'a de conséquence, rien n’avance vraiment. C’en est de même de l’intrigue principale avec les graines, intrigue résolue non pas par les péripéties et la quête du personnage principal, mais résolue en quelques minutes par un coup du sort et une tablette tactile dernier cri. Et du coup, Vesper Chronicles, ça ne raconte pas grand-chose.

Enfin bon, le seul truc qui avait l’air un peu intéressant, c’était l’histoire des pèlerins, des gens qui marchent et ramassent des bouts de tôles, errant dans un monde où il n’y a plus de nourriture et où la terre est désolée.

Ou alors faire de la contemplation, et filmer la détresse, le désespoir, la recherche acharnée de nourriture dans un monde détruit, la faim, la solitude, l'isolement de cette jeune fille qui grandit...

Bref, le film avait tant d’options et reste sur place.