
Il existe bien une autre voie, dans le domaine de la science-fiction, à mille lieux des blockbusters de l'usine hollywoodienne, qui ne jure que par le rythme et la pyrotechnie. La Lituanienne Kristina Buozyte et le Français Bruno Samper forment un duo original, déjà auteur de Vanishing Waves, qui affirme d'autres ambitions, celle de s'adresser à un public intelligent, et la réussite de Vesper Chronicles passe aussi bien par la digestion de thématiques bien connues dans le cinéma d'anticipation (sociales, technologiques et écologiques) que par une poésie visuelle permanente, qui loin d'alourdir la narration, l'embellit dans un tempo faussement languide, qui permet surtout à ses personnages d'exister réellement. Que ceux qui trouvent le film mou s'interrogent sur leur conditionnement à un cinéma normé et fondé uniquement sur la distraction sans réflexion. La beauté et la fantaisie de Vesper Chronicles s'expriment pleinement et tant mieux si le fonctionnement de ce monde post-apocalyptique, sorte de futur médiéval, ne livre pas tous ses secrets. L'intrigue reste claire, cependant, partagée entre moments de grâce et d'émotion et passages violents ou organiques (on pense à Cronenberg). Le côté artisanal de l'entreprise n'empêche pas l'émerveillement, au cœur des espaces lituaniens, dans un dénouement superbe qui appelle, peut-être, une suite. La jeune actrice britannique Raffiella Chapman, synthèse de force et de fragilité, constitue, cerise sur le gâteau, une véritable révélation.