Naomi Kawase érige le septième art au rang d’antidote à l’impermanence. Vers la lumière saisit les splendeurs du monde avant qu’elles ne s’éteignent. Et si nous tenions enfin une deuxième Palme d’Or féminine ?


“Ce film si grand, limité par le carcan des mots, il n’y a rien de plus triste.” : cette phrase prononcée devant la jeune Misako incarne l’essence même de Vers la lumière. Ayame Misaki touche du bout des doigts le Prix d’Interpretation avec ce rôle d’audiodescriptrice passionnée de ce qui l’entoure. Sa rencontre avec Nakamori, photographe accablé par sa cécité progressive, va les amener tous deux vers l’acceptation de l’éphémérité, et la jouissance de l’instant précis.


Le cinema de Naomi Kawase peut rapidement virer au poème soporifique pour les non avertis. Embrassant pleinement son éloge de la lenteur, Vers la lumière la transforme pourtant en une expérience sensorielle à fleur de peau. Chaque pause est une respiration, un échappatoire. Oubliant qu’il s’agit de cinéma, on se prend à fermer les yeux pour mieux entendre le vent souffler dans les feuilles, à espérer sentir le soleil rougissant caresser nos visages. Sur les notes sublimes d’Ibrahim Maalouf, Naomi Kawase filme la beauté et la mélancolie des choses qui périssent.


Les japonais ont un mot exprimant les nuances complexes d’une beauté éblouissante, miraculeuse, bouleversante : subarashii. Vers la lumière est subarashii.

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le 23 mai 2017

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