Quand l'orgasme féminin s'accompagne d'un sourire diabolique

En s’attelant au remake d’Ouvre les yeux d’Alejandro Amenábar, Cameron Crowe s’était investi corps et âme avec celle qui était alors son épouse, l’artiste Nancy Wilson, pour une véritable synergie de compétences et de talents. Chaque plan, chaque séquence, est rendu iconique. La bande son impacte les images de manière impressionnante. Les répliques se font plus ciselées, parfois plus subtiles. Les enjeux plus grands encore. La structure hollywoodienne devient un atout qui dessine les contours séduisants de l’American way of life pour mieux faire état de sa désillusion.

“ David était délicieux étant enfant… Sans le vinaigre, le miel n’est pas le miel… Ça valait presque le coup de mourir… Apprends à devenir un salaud !… Chaque seconde qui passe est une occasion de changer le cours de sa vie… Quatre fois, ça veut vraiment dire quelque chose… Quand tu couches avec quelqu’un, ton corps fait une promesse, que tu le veuilles ou non… On se retrouvera quand on sera tous les deux des chats… Est-ce que ce n’est pas ça, être jeune : croire, secrètement, qu’on sera le seul, dans toute l’histoire de l’humanité, à vivre éternellement ?… C’est quoi le bonheur pour toi, David ?

Cette présentation elliptique du film symbolise la mosaïque mentale du personnage joué par Tom Cruise ainsi que son aliénation progressive.

À l’origine de Vanilla Sky, un remake périlleux. Car Ouvre les yeux offrait déjà tout ce qu’il est possible d’attendre d’un drame psychologique mâtiné de science-fiction, avec ses questions vertigineuses sur l’identité, la mémoire, le subconscient et la perception du réel.

Et pourtant, Vanilla Sky, tout en étant particulièrement fidèle à l’esprit de son modèle, sait se distinguer par son style et une véritable passion, imprégnée, débordante, pour les failles et le pouvoir de l’American way of life, avec des questions en partie inédites.

Quel est son mérite quand on a tout acquis après la mort de son père ? Comment se distinguer de son héritage et de sa mémoire ? Quelle est notre valeur avec un visage défiguré ? Le modèle américain peut-il perdurer ? Qui va nous abandonner ? Qui va rester ? L’American Dream n’est-il, comme son nom l’indique, qu’un rêve, qu’une illusion ? Comment le percevoir ?

Mosaïque visuelle et sonore

L’idée d’une mosaïque est présente dans le récit, le montage, fait de flash-backs, d’ellipses, l’affiche même du film, la photographie (l’étalonnage “ vanille ” épisodique, les couleurs automnales, lumineuses, évanescentes) et l’incroyable bande originale pop/rock/électro/folk.

Les premiers plans assourdissants des buildings new-yorkais précèdent les notes de musique envoûtantes de Radiohead. Nancy Wilson joue de sa guitare avec des effets de froissements sonores qui accompagnent magistralement le spleen de chaque image. Les crescendos doux de Freur, ancêtre d’Underworld, évoquent les derniers vertiges. Et l’atmosphère évanescente de Sigur Rós achève de faire de Vanilla Sky un chavirement à sensation forte.

Reposant sur les bases d’une comédie romantique classique, le long-métrage devient très vite une expérience ample, puissante et extrême avec son lot de confusions, d’hallucinations, de machination, de féeries, d’états de transe et de chocs traumatiques.

Les coups d’éclat d’un emblème

Représenté comme un emblème, Tom Cruise brille, et étonne. Il excelle dans la performance d’un personnage en crise qui devient de plus en plus dépassé par les événements, entre playboy désinvolte et homme défiguré, désincarné, qui tombe dans l’amour transi au point d’en dépérir. Les uns seront agacés par son omniprésence, les autres impressionnés par ses coups d’éclat : jubilation, stupeur, cynisme, dépression, aigreur, réenchantement, peur, déroute, paranoïa. Un panel d’émotions vastes le traverse et apporte ce qu’il faut d’intensité aux différentes scènes clefs et déterminantes qui parsèment le récit.

(...)

Pour lire la critique complète : https://www.lemagducine.fr/cinema/films-classiques/vanilla-sky-quand-lorgasme-feminin-saccompagne-dun-sourire-diabolique-10066404/

Je suis désolé de ne pas pouvoir vous la partager directement sur SC.

Bonus : voici la vidéo d'Alex, un Youtubeur ayant une chaîne intitulée "La fuite En Vidéo", qui compare le remake Vanilla Sky avec l'original. Ca spoil, car il compare les différentes scènes, mais pour lui, le résultat est sans appel : Vanilla Sky fait chaque fois plus fort, plus grand, plus intense :

https://www.youtube.com/watch?v=Af4zzoxxUPY&t=1s

Comme je le dis dans ma conclusion, même si je suis d'accord avec lui, il est difficile de vraiment désigner un vainqueur. Vanilla Sky doit énormément à l'original, et on peut voir les deux versions comme les deux faces d'une même pièce, ayant généré quelque chose de plus vaste, de plus grand. C'est aussi un des objectifs du cinéma en tant qu'art.

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le 24 août 2017

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Oka Liptus

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