Valérian et la Cité des Mille Planètes est un film très moyen. La tentative de Besson de faire un blockbuster efficace et intéressant échoue assez lamentablement. Il faut l'avouer, c'est raté : le cinéaste a perdu de sa grandeur il y a déjà un moment. Il essaye de nous transporter au cœur d'un monde nouveau, inspiré de la bande dessinée Valérian et Laureline. Si on ne peut dire que ce film est une réussite, on ne peut pas non plus dire qu'il est complètement raté... quoique, sur certains points, le nouveau métrage de Luc Besson est, au bas mot, plutôt nul.



Personnages



Dans un blockbuster, les personnages tiennent une place importante : pour certaines œuvres, ce sont même les pièces maitresses, celles qui donneront un intérêt au film. Qu'en est-il de ceux du nouveau Besson ?


Valérian...


Il est le personnage principal, mais il manque cruellement de charisme. Il apparait à nos yeux comme un espèce de beauf qui ne s'assume plus, de tombeur à la retraite. Il est pitoyable, et lorsque le principal protagoniste fait pitié, on ne part pas que sur de bonnes bases. En plus de ça, Dane DeHaan n'est clairement pas à sa place dans ce genre d’œuvre. Il est plutôt bon, il l'a prouvé dans A Place Beyond The Pines notamment, mais le problème c'est que les blockbusters ne sont pas adaptés à son jeu d'acteur. C'est donc assez difficile de le prendre vraiment au sérieux, de le considérer comme un héros crédible.


...Laureline...


Le personnage de Laureline, en lui-même, est sûrement meilleur que celui de Valérian, ce qui n'est franchement pas compliquée. Cara Delevingne se débrouille dans le rôle, sans qu'on puisse remarquer de réel talent chez elle. Mais il y a un autre gros problème. Je sais ce que vous allez me dire, on ne regarde jamais de film en vf blablabla, mais là je suis désolée ça doit sortir, je ne peux pas garder ça pour moi plus longtemps. Toi, Stéphanie Sokolinski, qui double Laureline, tu as une jolie voix. Si tu pouvais essayer de faire des émotions avec, de changer d'intonation, tout ça, ce serait vraiment cool. Là, c'est juste toujours la même chose, ça gâche le personnage. Parce que même si Laureline ne présente pas vraiment d'intérêt, on l'apprécie, malheureusement son personnage est presque humilié à la fin du film. Comment, mais comment peut-elle finir en robe de mariée, en train de se battre la main dans la main avec Valérian ? Ça n'a strictement aucun sens et surtout ça n'a rien à faire dans ce film. Mais de manière générale, ce film n'a aucun sens.


...et Rihanna.


Rihanna, venue spécialement pour ramasser son chèque, pour avoir son nom au générique et pour s'humilier publiquement, nous offre une performance... hors du commun. Son personnage est à vomir, tout simplement. D'abord, elle provoque le moment le plus "malaisant" du film, celui qui le fait basculer dans le nanar : je ne vous en dis pas plus, car vous le reconnaitrez sans problème. Après avoir enterré le peu de charisme qu'il restait à cette œuvre, après avoir saccagé la crédibilité et l'intérêt qu'on aurait pu lui porter, elle a un tout autre usage, pas très subtil lui non plus. On comprend très distinctement qu'elle est chargée d'apporter sa dose de sentiments au film, c'est la pauvre victime de la société, et elle va nous offrir une scène qui se voudrait émouvante mais qui au final se révèle humoristique du fait de son caractère ridicule.


J'ai ri, lors de la mort de Bubble. C'était drôle, nanardesque, désespérant. C'est rare que je le remarque, mais son personnage est un mauvais personnage.


Vous l'aurez compris, les personnages de Valérian sont tous plus ou moins ratés, et en tous cas ne se présentent pas comme un atout pour le film. Le reste du casting n'est pas trop mal, mais les protagonistes que ces acteurs incarnent sont loin d'être primordiaux : c'est un échec là où un succès était de rigueur, et un résultat satisfaisant là où ce n'était pas nécessaire.



Répliques



C'est ici le principal problème du film à mon sens, ou du moins l'élément qui m'a le plus dégoûtée. D'habitude, pour un blockbuster, les dialogues sont très secondaires, où ne servent qu'à apporter un peu d'humour et à faire avancer l'histoire. Autant dire que pour faire nul à ce niveau-là, il faut mettre le paquet : Valérian y met une énergie déstabilisante. La plupart des répliques appartiennent à une catégorie spéciale. Il s'agit de punchlines, de phrases censées amener du rire ou censées être chocs, malheureusement celles de ce film sont toutes ratées. Mais ça n'aurait pas été franchement gênant si on n'entendait pas ce genre de phrases environ VINGT-CINQ FOIS PAR MINUTE. C'est niais, pitoyable, on est gênés par ces bides incessants, ces moments de malaise qui clouent hermétiquement le cercueil de la crédibilité que ce film aurait pu porter. Les dialogues nous immergent donc encore plus dans cette atmosphère de navet honorablement nul.



Intrigue



En plus des dialoguistes, nous avons aussi eu droit à une grève des scénaristes. Les facilités scénaristiques défilent devant nos yeux, les situations invraisemblables au service d'une intrigue unijambiste, le scénario tout simplement minable, on est définitivement impressionnés par le... nanar onéreux qui se déroule sous nos yeux.


Un autre grand moment de solitude et de ridicule dans ce film, c'est son "twist" concernant le personnage de Clive Owen. En étant prévenue qu'un twist existait, ma réaction a été la suivante : en apercevant le visage de l'acteur, j'ai su que c'était lui le bad-guy, le méchant dissimulé, directement. Puis plusieurs éléments viennent prouver qu'il a des choses à se reprocher, jusque là rien d'alarmant. Les choses se corsent lorsque le film prétend nous offrir un retournement de situation hallucinant, alors qu'on l'a vu venir deux heures plus tôt. Autant dire qu'on nous prend vraiment pour des cons. De plus, même la mise en scène se moque du spectateur : la caméra qui tournoie, qui présente cet instant comme le twist d'un film de Shyamalan, c'est lamentable. Et lorsque vous pensez en avoir fini avec les scènes médiocres, vous aurez tout de suite droit à... Laureline balance des phrases philosophiques sur l'amour, et c'est complètement puéril ! Enjoy...



Visuel et univers



C'est ici que résident les principaux, ou plutôt les seuls atouts de ce métrage. Il est doté d'un visuel assez séduisant et présente un univers intéressant. Concernant l'univers, et les différentes espèces qui l'habitent, c'est assez plaisant : malheureusement, Besson ne peut se vanter d'avoir inventé un monde entier, sa faune et sa flore car tout est sans doute tiré de la BD. Il se contentera d'adapter comme il peut (ou comme il veut, avec un budget comme celui-là) une œuvre qui a marqué le 8ème art. Ça reste beau, même si cette légère surenchère d'effets spéciaux et quelques designs étranges n'ont pas su m'impressionner. Comment ne pas penser à Star Wars et à sa galaxie lointaine, inconnue du public mais néanmoins tellement attachante ? La saga de Lucas avait réussi un tour de force : faire en sorte que le spectateur ne se sente pas perdu, même si le milieu qu'on lui présente lui est totalement étranger. Valérian échoue pour moi en ce sens, car je n'ai pas vraiment cru à ce qu'on me présentait, un scepticisme persistant m'a empêchée de plonger la tête la première dans ce monde à part.
Malgré ça, Besson présente tout de même quelques plans et scènes stylés, notamment au début du film. Celle du marché est originale et réussie, et certains effets 3D pendant les 30 premières minutes sont même plaisants (bien que la 3D n'ait globalement pas vraiment d'intérêt pour ce film). C'est là le seul véritable intérêt du film, mais cet aspect s'estompe assez vite, pour le plus grand malheur de tous.



Il est grand temps de conclure



En résumé, Valérian est un film raté sur beaucoup de points. Un scénario bancal et invraisemblable pollué par une romance ridicule, des personnages pitoyables aux répliques dignes des plus grands navets, seul le côté visuel de ce film est susceptible de convaincre, même si personnellement il n'a pas su me toucher. Valérian laisse un goût amer en bouche, et c'est sans oublier le plan final du film : pourquoi Besson, qui décide d'ajouter la mention "À mon père..." sur cette dernière imagé choisit-il de montrer ça ? On n'est pas foncièrement choqués, mais le fait que le film se conclue ainsi montre à la perfection combien il manque de sens.


Pour conclure cette critique, je me contenterais de citer un génie moderne du nom de Tzekken : "Valérian, ça Valérien."

Mia_Landa
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le 9 août 2017

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