Le début du film interpelle avec sa société totalitaire et son vengeur masqué aux tirades grandiloquentes, et l'on s'amuse à observer la mise en place d'un plan punitif visant à réveiller les consciences pour permettre la chute d'un régime complètement imbu de son propre pouvoir.
Il est évident que V pour Vendetta n'a pas choisi la subtilité et la finesse pour camper un univers sombre et despotique dans lequel l'espoir s'est assoupi ; les politiciens sont brutes dans leurs idées et les appliquent sans ménagement ni manipulation réellement élaborée, les conditions de vie sont absolument cloisonnées et appliquées sans exceptions, à la faveur du média phare qu'est la télévision, objet de propagande parfait. On pourra arguer que tout cela semble impossible et finalement trop dystopique pour pouvoir exister mais les scénaristes ont eu la bonne idée de montrer à travers le personnage de Nathalie Portman, mais aussi de quelques citoyens dont on observe les réactions devant leur poste, que tout le monde n'est pas convaincu par les soi-disant vérités qu'assènent les présentateurs de JT. Au fond ils se rendent compte de l'évolution ridicule et injuste de leur société mais ne font rien car ils croient ne pouvoir rien faire ; ce sentiment d'impuissance traduisant en fait leur manque de volonté.

Cet aspect là, qui semblerait donc balourd, recèle en fait une réflexion plus fine qu'il n'y paraît. Malheureusement le reste ne suit pas vraiment avec des situations trop prévisibles (sur le passé du vengeur) même lorsque celles-ci sont réussies (on pense à la séquence d'emprisonnement). Ce passage est agréable à suivre mais on devine trop facilement le subterfuge.
D'autre part tout semble trop évident pour mener la révolution et l'on s'étonne de cette scène finale un peu bâclée et précipitée.
Les seconds rôles ne sont pas assez soignés et ne parviennent pas à exister. On regrettera notamment que les citoyens ne soient pas plus mis en avant et mieux "utilisés" pour nourrir le propos du film.

La vendetta ne reste donc qu'une vengeance pur et simple, et tous les motifs brandis par le justicier n'arrivent pas à justifier une vrai révolution.
ngc111
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le 6 oct. 2014

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