Nombreuses sont les incohérences, dans cette adaptation parfois maladroite du chef-d’œuvre d'Alan Moore: une mise en scène parfois trop rapide, des personnages qui manquent d'épaisseur. Mais le message qu'il porte est tout aussi puissant. Le film dévoile la violente critique contre les dérives totalitaires de notre magnifique société de consommation (au sens culturelle et idéologique), par l'intermédiaire d'un justicier zélé et mystérieux. Une constante, analysée par les sociologues peu conventionnels, tels que Noam Chomsky, est que la société moderne, sous couvert de liberté, est sans doute la plus totalitaire qui puisse être, car justement, elle donne l'illusion de liberté (priver quelqu'un de sa liberté est plus honnête). Ainsi, lorsque cette société n'a que peu de soutiens (comme c'est le cas aujourd'hui), on s'évertue à distiller la peur - celle d'un virus (tiens, Ebola!), d'un terroriste (embarras du choix)... le tout afin que le peuple ait à nouveau l'illusion que sa société soit la seule qui vaille. Le seul rempart contre la tyrannie de cette bien-pensance s'avère alors la violence, non celle gratuite, mais celle qui libère l'inertie qui ronge des masses abreuvées d'ineptes lavages de cerveau qu'on nomme TV, radio, ou journaux papier. V pour Vendetta est l'illustration d'une quête philosophique libertaire tout à fait jubilatoire!