Le moins qu’on puisse dire c’est que les frere wachovski (auteurs du très moyen Matrix, quand on est fan de SF, et de l’excellentissime Bound) auraient peut être du lire la BD avant de le faire. Et la relire ensuite. Puis se pencher sur la définition des mots « anarchie », « peuple », « état totalitaire ».

Et ensuite seulement auraient ils pu songer a adapter un chef d’œuvre comme celui là.



Attention, vu que le film est plus que decevant pour tout lecteur de la BD, que je ne l’aime pas et que je souhaiterai que tout le monde lise le livre plutot que d’aller voir le film, je vais mettre plein de spoiler.
Vous etes prevenus.

Je commence par les bons cotés (car il y en a, faut pas pousser, je suis pas non plus braqué a mort.)

Les acteurs sont bons, très bon meme. Mais qu’attendre d’autres des acteurs anglais. Honnetement, Nathalie Portmann est celle qui joue la plus mal du film et elle-même est assez credible (sauf à deux trois moments, malheureusement les plus dramatiques, comme lorsqu’elle sort de prison apres avoir été torturée pendant des jours, ou bien au debut quand elle va se faire violer par trois flics en civil)

Mais jugez plutot de l’excellent casting : en second role, on a ni plus ni moins que Stephen Fry (Peter’s Friend, Oscar Wilde), Stephen Rea (La compagnie des Loups ; The Crying Game), et meme John Hurt (Alien, Elephant Man).

Avec ca, il est sur que la pauvre nathalie avait du mal a faire le poids, mais bon, elle s’en sort pas mal.
A noter la presence de Ben Miles, connu des fans de series humoristique anglaise pour son role dans l’excellente serie « coupling » (10 fois mieux que friends, dans le meme genre. Une fois qu’on l’a vu, on trouve friends insipide, sisi, je vous jure), où il jouait Patrick, le tombeur de ces dames dotés d'un... appendice sexuel de taille soi disant gigantesque (une de ses ex l'appelait le tripode)

De meme, certaines scenes sont tres bien realisées, tres fideles a la nouvelle graphique et on sent a ce moment là tout le potentiel qu’a ce film… si seulement la nouvelle avait été adaptée plus fidelement.

Car c’est là tout mon probleme. A coté de scene mythique, antologique (comme l’explosion de Old Bailey, la vieille cour de Justice de Londre), et bien on tombe dans une mediocrité que ne renierai pas les realisateurs tacherons d’hollywood, pres a nous gaver de poncifs et d’images deja vue. La qualités de ces scenes ressort devant la mediocrité du reste.

Maintenant les points negatifs (si si, pour l’instant j’ai été positif). tous sont liés a la BD et a la necessité dans une adaptation de respecter sinon la lettre, mais au moins l'esprit de l'oeuvre (peter jackson, meme si, en tant qu'integriste tolkieniste je le noyerai dans des lacs de sangs impurs, a neanmoins respecté l'esprit de LotR).

Or, là, il n'en est pas question.

1/Où est l'État Totalitaire ? Ou sont les soldats dans les rues, les affiches a la gloire du chef, les slogans a la con (mise a part England Prevail, on entends rien d’autre) ? ou est la mefiance, la peur vis-à-vis de son voisin, peur qu’il donne des renseignements ? ou sont les cameras de surveillance a chaque coin de rue ? Les gens ont pas l’air malheureux, honnetement. On sens rien, pas une once de totalitarisme, mis a part a la television (et encore : a un moment un presentateur change son texte et insulte le Chef supreme, et il est persuadé qu’il n’y aura aucune conséquence. Vous imaginez par exemple si un presentateur télé russe avait voulu critiquer Brejnev ? il s’en serait tiré ?)

Perso, un etat totalitaire comme ca, je signe ! La liberté c'est tres surfait quand on a le confort. Si si, réfléchissez y et citez moi un seul pays ou les gens avaient tout ce qu'ils voulaient mais neamoins dirigés de maniere totalitaire et ou les gens ont envie de se revolter ?)

2/ Pourquoi Evey sort elle le soir au debut ? dans la BD on le comprend tres bien : elle ne peut plus joindre les deux bouts et elle va se prostituer pour vivre. Dans le film… ben son appart est plus grand que le mien, deja… sa télé aussi, d’ailleurs… Bref, j’ai eu du mal à voir une jeune fille dans le besoin. Pourtant elle sort, et on voit bien qu’elle a pas envie d’y aller car elle doit passer la nuit avec un de ses chefs et elle sait comment ca va finir. Et si elle est pas dans le besoin, pourquoi elle y va ? Dans la BD, on sent le désespoir, on sent qu'elle est à bout, que c'est la dernière extrémité. Là, on ne comprends pas pourquoi elle le fait.

3/ Où est le peuple ? V for Vendetta (la nouvelle graphique), c’est l’histoire d’un homme qui en rappelant au peuple quelques verités, en le réveillant et en redonnant de la valeur à certains symboles, va créer une Revolution, un mouvement. Dans le film, il apparaît, fait peter deux batiments et dit « je reviens dans un an » et hop. Aucune préparation politique ou psychologique, comme dans le roman graphique... Et dans le film, deux explosions, et y’a une revolution dites voir !! moi je trouve qu’il est fort le V du film. Le rêve de tous les terroristes !

Une phrase passe totalement inapercue dans le film alors qu’elle est primordiale dans le roman. V s’adresse à la nation anglaise et apres leur avoir parlé des dictateurs en place dit : « it twas you who appointed those people ! You who gave them the power to make your decisions for you ! »

Or que voit on dans le film : les mechants sont arrivés au pouvoir en creant eux meme la situation de panique et en manipulant l’opinion (enfin, c'est l'impression qu'on a, mais le fait que ce soit faux est juste mentionné et meme pas de maniere explicite).

Très commode, on dedouane ainsi le spectateur de sa responsabilité dans le choix d’un systeme politique ou d’un homme. Au lieu d’avoir une evolution naturelle vers le totalitarisme (evolution qui peut arriver d’un jour a l’autre, très facilement quand on regarde les exemples historiques), on a une manipulation par un groupe de personnes haut placées.

En gros, ce que dit le film, c’est : « Finalement, c’est pas vous qui les avez choisi, c’est eux qui vous ont manipulés ! Vous etes absout mes fils ! » Vision simpliste de la démocratie qui prévaut de nos jours, malheureusement...

4/ ou est l’Anarchie ? V for Vendetta est un ode à l’Anarchie, la vraie, celle qui est l’ordre parfait et utopique. Car l’Anarchie c’est le contraire du desordre (ca, c’est le liberalisme, aussi bien politique qu’economique).

Mais en bon film hollywoodien, il ne pouvait pas se permettre de dire ca. Alors on remplace anarchie par liberté (et encore, mais j’y viens…) et roule ma poule, le public est content !!

Pire, la seule fois ou le mot anarchie est prononcé, c'est par un braqueurs (qui dit "anarchy in the uk"), et la phrase suivante contient le mot Chaos. bref, petite lecon bien pensante : anarchie = chaos. La encore, le manque de culture politique d'hollywood est affligeant.

« the flames of Freedom. How Lovely. How Just. Ahh, my precious Anarchy”

5/ quels sont les motivations de V ? dans la BD, c’est la destruction de l’Ordre ancien afin qu’un nouvel ordre puisse emerger, plus juste, plus humain. Dans le film, c’est la vengeance. Uniquement la vengeance, seulement la vengeance. Ce n’est pas V, c’est un bandit corse !

6/ pourquoi ont-ils rajoutés du fantastique ?!!!! dans la BD, V est normal, un peu plus rapide, c’est tout. Mais il reste humain, avec des faiblesses humaines. Mais il est V, et c’est seulement son esprit qui est different, la maniere dont il fonctionne. Il est devenu plus qu’un homme car il est devenu une idée ( ou un gros psychopathe, selon l’interprétation)

7/ pourquoi y a-t-il la phrase qui tue, celle que je deteste entendre dans les films ou ca n’a rien a voir : « je t’aime » ? Bordel de merde ! V est une idée, un concept. Il tombe pas amoureux ! pas dans la BD et dans le film c’est tellement artificiel ! j’ai eclaté de rire dans la salle (et j’ai pleuré de rage également)

voila, voila mon petit compte rendu.

Donc en conclusion : allez dans une librairie et achetez le (pour les anglophones, il est pas cher sur amazon), ou dans une bibliothèque et empruntez le, ou volez le, ou allez a la FNUC, chez Gubert ou autre et lisez le la bas.

Mais par pitié, au nom du bon cinema, au nom d’un auteur qui a refusé que son nom apparaisse au generique, au nom de V, n’allez pas au ciné.

Ave Atque Vale, mes amis et n’oubliez pas, England Prevails.
krieghund1974
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le 2 août 2012

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