Une séparation par Scarlett
La première scène est prometteuse : en position de juge face à ce couple, on écoute leurs arguments et leur dispute un peu absurde, c'est un peu drôle, ça met un peu mal à l'aise, mi-figue, mi-raisin. En fait, il y a pas mal de thèmes prometteurs : la religion, le caractère borné du père qui s'enfonce toujours plus, ou mieux encore, la relation de la fille au père, elle qui l'aimait et le respectait et qui perd peu à peu foi en lui.
Mais non, rien n'est creusé. Les seuls sentiments qu'on ressent n'ont rien à voir avec le cinéma, mais sont simplement causés par l'observation d'une situation de merde. La caméra, avec ses gros plans fixes sur les visages ou sur le linge qui sèche, est celle d'un documentaire. Le jeu des acteurs, certes excellent, rajoute encore plus à cette impression.
On passe son temps à attendre que les émotions explosent, et comme cela n'arrive jamais, on est à la fois frustré et impatient. Ayant vu le film au cinéma, j'ai eu l'impression d'attendre le bus pendant 2h, mais sans pouvoir bouger ni parler. La dernière scène, qui résume toute l'intensité dramatique et la qualité de réalisation du film, m'a donné envie de hurler.