Très joli film de Tavernier, une douce chronique sur une semaine de vacances forcée pour une prof en plein doute, au milieu d'une tempête existentielle, autour de qui gravitent des satellites tels qu'un petit copain rustre et pressé d'avoir un enfant d'elle, un parent d'élève ancien cancre un peu trop seul et lui même en plein désarroi face à l'échec scolaire de son fils, des parents éloignés, fuis, une copine qui s'évertue à la faire rire mais peut parfois peser elle aussi et puis une vieille dame, une voisine en face de chez elle, seule, toujours seule, un avenir en miroir qui effraie, puis disparait.
Bref, Tavernier nous invite dans le centre ville de Lyon, sur les bords du Rhône, à prendre le temps avec cette demoiselle à l'accompagner dans sa recherche de paix, de quiétude, surtout de certitudes. Avec elle, on respire, on découvre des personnages sympathiques ou balourds, les deux à la fois, fragiles eux aussi face à la déprime de ce petit bout de femme qui se bat avec elle même et sa place dans la société, ses envies, ses ambitions, ses peurs évidemment.

Le film ici et là vient planter dans le cadre des personnages qui s'éloignent, des personnages qui ne parlent pas, des vieux qui ne peuvent pas se baisser pour reprendre la canne qu'ils viennent de lacher. Des fantômes ou des oiseaux de mauvaises augures. Et les gens qui l'aiment cette petite femme sont là pour elle et pour eux, à papilloner, à essayer plus ou moins adroitement de lui redonner l'étincelle de vie. L'amour peut parfois étouffer.

Ce portrait de femme en pleine crise de nerf, Tavernier le brosse avec beaucoup de délicatesse.

Pour tous ses personnages d'ailleurs. Lanvin, au premier abord un lourdingue vulgaire qui passe son temps à sortir des blagues et autres jeux de mots à deux francs dévalués surprend à laisse éclater ici et là quelques saillies frappées au coin du bon sens.
Le cancre Galabru compose-t-il vraiment son personnage de cancre, lui qui a eu si mal à son enseignement comme il a déjà amplement raconté, a quelques morceaux de monologues inspirés. D'une belle poésie.

Comme les images d'un Lyon d'hiver encadrées par un cinémascope étonnant.

Comme la musique de Papadiamandis et d'Eddy Mitchell, quelque fois délicate et triste, puis plus enjouée et très eighties, marquant le film de son temps.

On ne peut que saluer ce délicieux moment de franc bonheur, un soir où le personnage joué par Noiret dans L'horloger de St Paul, Michel Descombes lui même vient partager un fraternel et très drôle repas avec Galabru et Baye.

Nathalie Baye, difficile de faire une critique de ce film sans évoquer la splendide prestation de la jeune femme. Tout en nuances comme le rôle l'imposait. Une grande actrice. Déjà en 1980.

J'adore ce film en tout point mignon, doux et profondément humain.
Alligator
9
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le 4 févr. 2013

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Alligator

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