Une sale histoire
7.6
Une sale histoire

Moyen-métrage de Jean Eustache (1977)

De Jean Eustache je ne connaissais que la Maman et la Putain et alors que le film est un peu remis sur le devant de la scène grâce à la version restaurée qui sera diffusée à Cannes, je tombe sur le synopsis d'Une Histoire sale. Il était évident que je me devais de voir ce film.


On a deux films, un documentaire et une fiction, ou plutôt une fiction puis un documentaire qui montrent quasiment la même chose à savoir un homme raconter à une audience féminine comment il y a une petite dizaine d'années il allait regarder sous la porte des toilettes afin d'y voir des sexes féminins. Le sujet n'est pas banal, mais le traitement l'est encore moins puisque Eustache ne va filmer que ça, que ce monologue, la caméra ne sortira pas du salon, on n'aura aucune illustration, on parlera de voyeurisme, mais on ne montrera rien, on ne verra rien. Le sujet est un brin sulfureux et doit faire grincer quelques dents, mais le spectateur pervers qui vient se rincer l’œil risque d'être déçu lui aussi. Parce que le narrateur a beau entrer dans les détails, même les plus truculents, il ne cède pas justement à cette tentation du voyeurisme.


Ce monologue est donc filmé deux fois, quasiment à l'identique. Une fois avec un style documentaire, tourné en 16mm, puis la même séquence sera rejouée par Michael Lonsdale et filmée en 35mm. D'ailleurs fait plutôt intrigant la partie fiction est placée dans le film avant la partie documentaire. On voit donc d'abord Lonsdale rejouer la scène avant de voir l'originale. Forcément ça déstabilise, surtout que si on ne connait pas Douchet (qui joue le rôle du réalisateur du film) ou Lonsdale on peut parfaitement croire qu'on est en train de voir la partie documentaire. Le jeu vérité/fiction est assez intriguant et perturbant.


Et puis on ne va pas se mentir, c'est assez jubilatoire d'entendre ces deux types raconter à la suite la même chose, expliquer comment ils se penchaient dans la pisse pour voir le sexe, comment ils ont été fascinés par le sexe, comment ils ont été obsédés par le sexe et comment rien d'autre ne comptait... ni les yeux... ni les jambes... comment eux aussi sont devenus des types médiocres et pitoyables qui vont mater le sexe des filles...


Faut voir aussi les réactions des filles qui écoutent pendant le monologue, c'est plus évident dans la partie fiction, mais on sent un regard fasciné, limite un peu lubrique.


Je ne savais pas que ce film existait et je sentais que je n'étais pas complet... maintenant que je l'ai vu je peux dire que je me rapproche de la complétude.

Moizi
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le 9 mai 2022

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