Voila un film inracontable et tellement caricatural à l'excès qu'il m'a tout de suite interpellé en 1996 lors de la Fête du cinéma ; j'étais tellement abasourdi que je suis retourné le voir le soir même, puis je l'ai revu à la télé et en DVD, et je me régale à chaque fois, c'est du total délire. On a d'abord un road movie en forme de thriller saignant, avec une scène d'ouverture jouissive dans le drugstore de bouseux, où l'on découvre le duo de frangins le plus improbable : Clooney et Tarantino ; ce dernier qui s'est octroyé un rôle de tordu a dû se régaler à écrire ce film, on y reconnait sa propension aux dialogues interminables dans cette première scène entre le flic et le vendeur. Puis la seconde partie bascule habilement dans le fantastique dès l'entrée au Titty Twister, avec un côté biker tex-mex et viril très marqué : ça picole sec, les filles à poil se trémoussent sur des plate-formes ou sur les tables, et les guitares rythment le tout jusqu'à l'entrée en scène de Santanico Pandemonium, incarnée par la bombe Salma Hayek qui dégage un érotisme troublant avec son python blanc.
Les Fx qui utilisent la technique du morphing sont réussis pour l'époque. Rodriguez enchaîne alors les séquences complètement folles qui sont autant d'hommages aux films de zombies de Romero et de vampires, à grands coups de jets sanguinolents et de maquillages affreux. On y retrouve une bande d'acteurs de toute sorte : les potes Cheech Marin (qui tient 3 rôles, dont celui de Chet Pussy, le bonimenteur hilarant du Titty Twister qui "vend de la chatte") et bien sûr Danny Trejo en barman aux dents longues. On trouve aussi Fred Williamson, un acteur de la Blaxploitation des 70's, Michael Parks (en Texas Ranger du début, et qu'on retrouve souvent chez Rodriguez), Tom Savini en biker, as du maquillage des années 80 sur les films gore, la torride Salma, la toute jeune Juliette Lewis, Clooney est excellent dans un rôle de gangster viril, sans oublier Harvey Keitel qui garde tout son sang-froid dans cette histoire qui sent bon la tequila, le rock-blues latino et le sang frais. J'adore le plan final qui découvre ce qu'est vraiment le Titty Twister. A savourer.

Ugly

Écrit par

Critique lue 1K fois

31
16

D'autres avis sur Une nuit en enfer

Une nuit en enfer
Gand-Alf
9

Satanic cocksuckers.

Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi Quentin Tarantino et surtout Robert Rodriguez s'échinaient encore à rendre hommage au cinéma Grindhouse (que ce soit à travers le diptyque "Death Proof" /...

le 30 sept. 2013

82 j'aime

4

Une nuit en enfer
NeeKoh
9

Defends-toi Sex Machine !

Tout d'abord je voudrais défendre ce film de la manière suivante - quoi qu'ici il n'a pas besoin d'être réellement défendu vu sa bonne note moyenne - Une Nuit en Enfer n'est pas un nanar mais un...

le 11 juin 2011

53 j'aime

5

Une nuit en enfer
Hypérion
8

Dialogues cultes puis hémoglobine & tripes

Scénario de Tarantino, Rodriguez à la caméra. What else ? Mais poursuivons un peu. Le film se découpe clairement en deux. D'un côté, on a la cavale des frères Gecko braqueurs de banque, prenant en...

le 25 avr. 2011

32 j'aime

5

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

122 j'aime

96

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

95 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

94 j'aime

43