Danny Kean est la petite crapule type des bas-fonds new-yorkais dont regorgeaient les prisons de la ville alors plongée dans la Grande Dépression des années 30 et l’invraisemblance du XVIIIe amendement. Après trois années passées à l'ombre de Sing Sing à copiner avec les mâtons et son futur beau-père, le voilà libre dans les rues de la Grosse Pomme où l'y attend avec impatience un comité d'accueil prêt à fêter comme il se doit le retour du fils prodigue aux affaires. Mais de retour aux affaires il n'en est justement pas question, le milliers de jours d'emprisonnement et les six balles alourdissant sa carcasse l'ayant définitivement convaincu d'abandonner le chemin cahoteux de l'illégalité pour rejoindre celui sans risque de l’honnêteté. Un emploi s'est justement proposé à lui. Bon ce n'est pas ça qui fera de lui l'homme riche qu'il était mais après tout, cela ne fait que 24 heures qu'il est sorti. Patience. Et comme le premier échelon de sa nouvelle vie, Danny accepte l'offre. Le job qui se résume en deux mots (Picture Snatcher) consiste à littéralement voler des photos d'individus pour venir agrémenter les éditoriaux relatifs à leur histoire sordide. Le tout pour un bien piètre journal nommé le Graphic News décrié par l'ensemble du métier. Mais si l'argent commence a afflué dans les poches du photographe hystérique grâce au magnifique travail et à l'esprit d'initiative dont il fait montre, la perspective de gravir l’échelon supplémentaire est bien faible dans ce canard bon qu'à envelopper le hareng péché le week-end dernier, voire quasiment inexistantes. Quand soudain se présente à l'horizon la perspective de décrocher le scoop de l'année et d'enterré définitivement son passé en même temps que l'occasion de se rabibocher avec son beau-père...

Picture Snatcher est un digne représentant des films de l'ère Pré-Code Hays. L'amoralité, l'adultère, le mensonge et le ridicule des officiers de l'époque aurait été coupé au montage l'année suivant, voire le film jamais produit faut d'un scénario amoral présentant un ancien voyou sous un jour amical. Ledit voyou c'est (encore) Jimmy Cagney. Normal qu'on le trouve sympathique. Comme à son habitude, il bouffe littéralement la pellicule et insuffle au film toute sa personnalité, qualité comme défaut (ces défauts n'étant simplement que l'exagération de ses qualités, forcément) : surexcité, à la limite de l'hystérie, gouailleur, dragueur, bagarreur, et beau parleur. Derrière la caméra, Lloyd Bacon à l'air de s'amuser autant que son acteur fétiche et, par suggestion et communication, nous même. Sa mise en scène transpire la vitalité. Un très bon film.
blig
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le 30 nov. 2014

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