Je me souviens quand j'ai découvert Eddie Marsan pour la première fois. C'était chez Mike Leigh dans son excellent Happy-Go-Lucky, où il incarnait un moniteur d'auto-école très irascible, régulièrement exaspéré par l'une de ses élève, la super joviale Sally Hawkins.


Dans Still Life, il est John May, un mec passe-partout à la petite vie réglée, totalement dénuée de fantaisie, qui s'occupe de retrouver les proches de personnes décédées. La mise en scène est sobre et ordonnée, les couleurs ternes de la pellicule rendent très bien la répétitivité de l'existence de cet homme très seul qui ne vit que pour son travail, allant même jusqu'à rédiger lui-même les discours de funérailles puis à assister, seul, aux cérémonies. Il conserve également les photos de toutes ces personnes oubliées dans un grand album soigneusement organisé, qui n'a pas été sans me rappeler le touchant Nino Quincampoix du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain.


Sa vie minuscule s'écoule sans bruit, avec une régularité de métronome - jusqu'au jour où on lui annonce son licenciement. Pourtant, le scénario ne s'attarde pas en misérabilisme : au contraire, c'est à partir de cet élément perturbateur que l'histoire va gagner en chaleur, en lumière, en optimisme - John May s'autorisant soudain le frisson de sentiments naissants (auprès de la jolie Joanne Froggatt que les amateurs de Downton Abbey reconnaîtront), parfaitement rendus par le grain pastel très lumineux de l'image.


J'ai trouvé très juste le jeu des acteurs - Eddie Marsan en tête, qui s'impose définitivement comme un boy next door pudique, intense et profond, livrant un jeu tout en sobriété et retenue - à l'image du film. La scène de fin m'a tiré des larmes, j'ai trouvé cet hommage émouvant, beau, décalé - vraiment très réussi.


Still Life nous réserve de beaux moments de poésie bucolique, une réflexion intéressante sur l'empathie, le désintéressement, la loyauté, les routes toutes tracées qui ne le sont jamais, et sur l'amour qui surgit toujours là où on ne l'attendait pas.

BrunePlatine
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Bons films vus en 2016

Créée

le 3 avr. 2016

Critique lue 1.2K fois

29 j'aime

4 commentaires

Critique lue 1.2K fois

29
4

D'autres avis sur Une belle fin

Une belle fin
BrunePlatine
7

Vies minuscules

Je me souviens quand j'ai découvert Eddie Marsan pour la première fois. C'était chez Mike Leigh dans son excellent Happy-Go-Lucky, où il incarnait un moniteur d'auto-école très irascible,...

le 3 avr. 2016

29 j'aime

4

Une belle fin
Oneiki
5

Still Death

Le problème quand un film raconte la vie d'un personnage solitaire, c'est que bien souvent, on s'ennuie. Certains pourtant arrivent, à force de mise en scène ou de personnages secondaires, à donner...

le 18 janv. 2015

26 j'aime

3

Une belle fin
Behind_the_Mask
8

Solitudes hémorragiques

John côtoie au quotidien la vie qui s'est éteinte et ses cicatrices : la solitude, l'isolement, l'idée que l'on a compté pour personne. Il est chargé au sein d'un obscur bureau de retrouver la...

le 27 avr. 2015

16 j'aime

6

Du même critique

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

79 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
BrunePlatine
10

Hot wheels

Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...

le 17 déc. 2015

77 j'aime

25

Soumission
BrunePlatine
8

Islamophobe ? Vraiment ? L'avez-vous lu ?

A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...

le 23 janv. 2015

70 j'aime

27