Essentiellement passionnée et passionnante, cette lecture retraçant les sept premières décennies de l'Histoire du Cinéma Américain s'affirme comme une référence majeure dans l'Oeuvre scorsesienne. Sur près de quatre heures de métrage Martin Scorsese s'efface derrière les maîtres qui l'ont amené à devenir réalisateur : un concert d'images saisissantes, finement analysées, commentées ou interprétées par le cinéaste, cinéaste s'interrogeant sur l'évolution de l'industrie cinématographique, l'ambition artistique des auteurs et les exigences des producteurs hollywoodiens au cours du temps.


Tout commence par un souvenir : la projection du lyrique et violent Duel au Soleil de King Vidor, que Martin Scorsese découvre en 1946, du haut de ses quatre ans. A partir de là le documentaire rend compte de l'érudition du réalisateur italo-américain, montrant une large galerie certes non exhaustive mais pleinement évocatrice des influences de Marty. Les thématiques du futur auteur de Mean Streets et de Taxi Driver sont à chercher du côté des anciens : l'ambivalence psychologique des personnages filmés par Elia Kazan, le regard porté sur la trahison chez Fuller ou Polonsky ou encore la charge émotionnelle éprouvée dans le cinéma de John Cassavetes se retrouveront dans bien des films du grand Scorsese. En véritable catalyseur de notre cinéphilie ce documentaire fait figure de synthèse en même temps qu'il rend hommage à toute la première moitié du XXeme siècle cinématographique, avec rigueur, honnêteté et humilité : de L'Attaque du Grand Rapide de 1903 ( le premier western de l'Histoire du Cinéma ) au Barry Lyndon de Stanley Kubrick cette visite guidée dans le musée imaginaire de notre ami Marty conforte résolument notre passion et notre envie d'apprendre. Les questions soulevées par les différents genres, les innovations narratives apportées par certains pionniers et l'ingéniosité des uns répondant à la malice des autres font de ce pur objet de fascination un paradigme du patrimoine culturel.


John Ford et son cache-oeil, l'ouverture flamboyante de Forty Guns de Sam Fuller, les séquences délirantes de la Symphonie Nuptiale de Von Stroheim ou encore la fusillade ultime de l'incontournable Bonnie and Clyde font partie du programme intarissable proposé par Scorsese... Les convictions et l'intégrité des réalisateurs évoqués sont de mise. L'oeuvre est pratiquement efficace sur toute la ligne, stimulante et épanouissante. Un chef d'oeuvre indispensable à décortiquer au fil des visionnages. Magnifique !

stebbins
9
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le 26 janv. 2020

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