Marlon Brando EST Stanley Kowalski !
Un homme, un vrai qui aime sa nana et qui le lui montre à coup de beigne dans la tronche.
Après avoir incarné l'essence même du machisme et de la séduction virile au théâtre, Elia Kazan demande au jeune homme de reprendre son personnage au cinéma. Vivien Leigh remplace Jessica Tandy mais elle est très familière du personnage de Blanche car elle l'a interprétée sous la direction de son mari (Sir olivier) à Londres.
C'est l'un des premiers films à explorer le thème du désir et des pulsions sexuelles aussi ouvertement au cinéma. Il est à noter que 4 minutes de film ont d'ailleurs été coupées par la Warner à l'époque pour ne pas heurter la ligue pour la vertu. Kazan ne fut aucunement tenu informé avant la sortie mais les coupes furent retrouvées et réintégrées pour la sortie du DVD en 1993.

Le film débute par l'arrivée de Blanche Dubois dans un quartier mal famé du sud de la Louisiane à la Nouvelle Orléans.
Elle vient rejoindre sa soeur Stella dans le quartier français de la ville. Celle-ci vit avec un immigré polonais, Stanley Kowalski, un ouvrier.
Tout le film est une opposition entre ces deux personnages : la virilité de l'un et la préciosité de l'autre. La rudesse apparente qui s'oppose à la délicatesse visible. Leigh face à Brando, l'actrice classique par excellence face au renouveau du cinéma. L'une sera multirécompensée pour ce film et l'autre honteusement ignoré.
A travers ses deux personnages, ce sont deux conceptions qui luttent. Le vieux sud agraire contre la modernité brutale et urbaine.
Kazan appuie ces oppositions en utilisant les éclairages et les dialogues. La luminosité de la ville, de ses enseignes contrastent avec l'oscurité de l'appartement, du clair obscur des passages fréquentés par Blanche et Karl Malden, l'ami de Stanley.
Tout ces effets étant une métaphore évidente de la dualité des êtres.

Le couple vit dans un petit appartement d'un ancien hôtel délabré. Elle attend leur premier enfant et est éperduement amoureuse.
En toute honnêteté, je suis du genre féministe (un peu vous diraient mes amis XD) et un gars du genre Stanley, j'aurais du mal dans la vraie vie qu'est la mienne en 2014. Mais il faut aussi se rendre à l'avidence que Brando ce n'est pas n'importe qui et que je peux comprendre en tant que femme, ayant des désirs de femme, que Stella supporte les coups donnés par un mec pareil. Je ne dis pas que j'en redemanderai mais WAW quel mâle !
Bon laissons mes fantasmes de côté pour en revenir au film...

Le drame qui sert de fil rouge à ce film est la sexualité. Celle qui n'est pas assumée par ceux qui la vivent.
La honte de Blanche à propos de son premier mariage, le rejet du désir qu'elle ressent pour son beau-frère dont elle hait la rusticité et le manque de raffinement... Elle le méprise mais ne peut s'empêcher de chercher à le séduire.
Elle fuit toute sexualité autre que fantasmée. Le passage à l'acte l'horrifie et la fait fuir.

Sa chute, sa descente aux enfers progressive, nous la vivons avec elle. Elle nous conduit par la main jusqu'aux portes de la folie où elle nous quitte comme a abandonné tous les hommes qui ont eu l'audace de la vouloir dans leur vie. Blanche est un papillon qui tourne autour de la lumière quitte à se brûler les ailes. Mais elle ne se rend pas compte que ce ne sont que celles de son propre désir qu'elle fuit et qui la mènera à sa perte.
Rawi
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le 5 oct. 2014

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