Le pont est loin, la qualité aussi

"Un pont trop loin" est souvent cité parmi les grands films de guerre passés. Etant toujours amateur de ce style cinématographique, je me décidais enfin à le voir, m'attendant à une réputation justifiée. Hélas, je suis ressorti de la séance avec un arrière-goût assez désagréable et pour ainsi dire négatif.

La guerre c'est avant tout l'enfer et la résurgence des pulsions de mort. Des titres comme "Voyage au bout de l'enfer", "Feux dans la plaine", "Apocalypse Now" ou encore "Croix de Fer" ont représenté correctement ce qu'est la guerre. Même des titres un peu moins sombres comme "Il faut sauver le soldat Ryan" ou encore "La Ligne Rouge" savaient en extraire l'essence. Hors là, c'est tout le contraire, "Un pont trop loin" pourrait décemment se voir comme un film de famille que l'on regarde tous ensemble un petit samedi soir quand on a aucune sortie de prévue et que la baby-sitter est occupée ailleurs. Pas le moindre instant, le film n'explore les recoins sombres de tout bon conflit qui se respecte. Il reste léger, presque guilleret, se contrefout ouvertement d'un minimum de radicalité de traitement. Parfois, il en vient à des fulgurances grotesques, à l'humour retombant systématiquement comme un soufflet. Le très connu "La Grande Vadrouille" s'assumait comme une comédie et faisait mouche mais ce n'est pas le cas de "Un pont trop loin" qui n'a pas de telles velléités. Du coup, la crédibilité en prend un sérieux coup.

Et ce n'est pas l'OST qui dira le contraire. A un moment, j'ai cru halluciner. Un cortège de chars noyé sous un tonnerre d'applaudissements et en fond sonore une musique digne de la foire à la saucisse. Non mais attendez, on va mener une guerre ou on va en colonie de vacances là ? Tiens, un autre exemple assez surréaliste est cette tentative complètement foireuse de trêve entre les deux camps avec un allemand idiot tenant un drapeau blanc. S'ensuivra un discours totalement ridicule pour finir avec un plan moyen sur le visage décontenancé de l'allemand. Non mais les gars, la diplomatie de terrain, ce n'est pas censé être un vaudeville. Pour parachever un tableau assez peu reluisant, l'intrigue mollassonne et le rythme décousu en rajouteront une couche.

Bref, si le casting n'eut pas été aussi bien foutu, le naufrage aurait été de mise.