Artiste pendant plusieurs années chez Dreamworks Animation, on doit à Eric Bergeron dit ‘’Bibo’’ Bergeron, la co-réalisation de Gang de Requins ou encore La Route d’Eldorado. On le retrouve en 2011 avec son premier film qu’il réalise cette fois-ci seul, Un Monstre à Paris. Une histoire prenant place dans la ville lumière de 1910 qui lui tenait à cœur de raconter depuis longtemps. Cette fois on est loin d’une production américaine d’un grand studio au budget de conséquence. On a plutôt affaire à un long-métrage français à budget modeste (en tout cas comparé aux deux premiers films de Bibo), s’éloignant de ce qu’il pouvait avoir l’habitude de faire quand il était chez Dreamworks. L’occasion pour lui de démontrer ce qu’il peut faire en dehors d’un grand studio et d’ajouter un membre de plus à la famille des films d’animation français !


Malgré une histoire de base assez intéressante sur le papier et l’envie qu’on peut y voir de faire quelque chose de créatif et d’original de par certains personnages et le contexte de l’époque, le film tombe assez vite dans la facilité et les clichés et comporte des défauts dont il est pour moi difficile d’y faire totalement abstraction.


Tous les personnages gentils ont droit à leur petite romance sans exception, une chose dont je pense que l’histoire aurait pu se passer largement, et certains personnages n’apportent rien si ce n’est d’être irritants. L’antagoniste, le préfet Victor Maynotte, est peu crédible et assez ridicule car pour moi il est beaucoup trop exagéré et caricatural pour être pris au sérieux et sa prise de folie est trop rapide. Raoul et Emilie sont parfois trop mis en avant au détriment de Lucile et Francoeur, ce que je trouve dommage car je les trouve plus attachants à suivre et font de meilleurs protagonistes. Malgré tout, les personnages principaux restent sympathiques et un minimum attachants mais sans vraiment plus.


Le long-métrage étant une production à petit budget, cela se voit beaucoup et malheureusement c’est à ses dépens. Les personnages sont pour moi les premiers à en souffrir. Excepté leurs designs et le casting 5 étoiles pour les interpréter, ils ne bénéficient pas forcément d’un bon rendu. Leur animation est souvent saccadée et manque de fluidité à mon goût pour qu’ils soient convaincants à l’écran. Ce qui peut se vérifier pendant les numéros de danse au cabaret ou des moments tout simples de dialogues. Mais il y a malgré tout quelques courts moments où certains jeux d’acteur et expressions fonctionnent plutôt bien. Pour ce qui est de Paris, les rues de la capitale française ne manquent pas d’authenticité. La ville lumière est mise en valeur à plusieurs reprises à travers de beaux plans larges des toits de Paris et de ses monuments comme le Sacré-Cœur ou la tour Eiffel les pieds dans l’eau.


Bien que les défauts soient très présents par moments, Bibo Bergeron a su avoir de bonnes idées et faire de bons choix artistiques, ce qui a sans doutes sauvé une partie du film.


Le premier est pour moi d’avoir fait appel à Matthieu Chedid (dit –M-) et Vanessa Paradis. En effet, Bergeron a choisi le chanteur Matthieu Chedid pour écrire les chansons et interpréter le personnage de Francoeur et la chanteuse Vanessa Paradis pour incarner Lucile. Il n’y avait pas de meilleure voix que la voix d’ange de Matthieu Chedid pour incarner Francoeur. -M- apporte beaucoup de douceur au personnage de Francoeur même s’il ne s’exprime qu’en chanson. Je suis un Monstre à Paris est un titre magnifique qu’il interprète avec sensibilité et son duo avec Vanessa Paradis sur La Seine est très réussi. En plus de sa voix, il met à profit son savoir-faire à l’écriture des paroles des chansons et encore à ce niveau, le résultat est excellent et très poétique.


Le choix d’avoir fait de Francoeur une puce est également original, le film aurait pu presque proposer une revisite de La Belle et La Bête quand on y pense. Je trouve également que de son côté, Vanessa Paradis s’en sort plutôt bien pour incarner le personnage de Lucile. Autant dire que leur participation et leur contribution apportent un vrai plus. Eric Bergeron a eu raison de se tourner vers eux.


Outre les chansons, la bande-originale est également de bonne qualité. Les musiques s’accordent bien avec le Paris du début du 20ème siècle et sont assez agréables à écouter. Le film en profite également pour livrer un joli hommage au cinéma et à quelques artistes connus de cette époque. Le costume que porte Francoeur est un sympathique clin d’œil à l’artiste Aristide Bruant et la fresque peinte sur le cabaret l’Oiseau Rare est une jolie référence aux œuvres de l’artiste Alfonse Mucha.


Malgré ses défauts et ses faiblesses, c’est un film que je trouve toujours très sympathique à chaque visionnage car au final, les défauts sont compensés par de bons choix artistiques, des chansons réussies et cette histoire de monstre à Paris a quelque chose de charmant et d’accrocheur. Après Gang de Requins et La Route d’Eldorado, je trouve qu’Eric Bergeron avec Un Monstre à Paris a réussi à faire quelque chose de globalement correcte et qui tient la route même si le résultat aurait sans doute pu être encore bien meilleur. S’il a pour projet de réaliser un prochain film d’animation à l’avenir, j’espère que ce sera à nouveau sur un sujet qu’il lui tient à cœur dans l’esprit d’Un Monstre à Paris.

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le 4 mars 2019

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