Pour son premier film Laura Wandel réussit avec une économie de moyens et de mouvements de caméra à emmener le spectateur par la main dans la cruelle cour de récréation d'une école, « un monde » comme le dit le titre. La grande force du film tient dans la simplicité du point de vue de Nora (extraordinaire Maya Vanderbeque), petite fille du primaire dont l'aventure se résume à la découverte d'un univers agressif, cruel et impliquant au point de la forcer à des premiers choix qui ne sont plus ceux d'une enfant. Majoritairement concentré sur les visages et les corps, les décors sont rarement montrés, permettant une immersion sans digression visuelle. Ce sujet grave qu’est le harcèlement aurait néanmoins nécessité un développement plus important quant au mécanisme, résumé ici à l’attaque des plus faibles. La réalisatrice a préféré apporter un côté social avec le père au chômage et les quolibets des enfants à ce sujet, sacrifiant ainsi à la pensé établie depuis quarante ans, qui nie le fait que le harcèlement existe dans toutes les couches sociales. L’existence de ce fait sociétal est résumé à l’incompétence systématique des adultes, et la seule Mlle Agnès (Laura Verlinden excellente) qui semble comprendre les enfants, quitte l’école. Démonstration un peu juste vis à vis d’un tel fléau.