J’ai toujours vu Groundhog Day comme une des comédies les plus géniales de la Création, par son écriture intelligente, son rythme et Bill Murray à son apogée. Pourtant, en le revoyant il y a deux jours pour la énième fois, il m’est apparu soudainement bien plus grave dans son dénouement, et d’un pessimiste qui, avec le recul, me fait frissonner. Peut-être que mon esprit tordu a voulu chercher la petite bête ou que, tout simplement, mes souvenirs du film étaient tronqués.

Au-delà du caractère tout simplement jouissif des péripéties de ce pauvre Phil Connors qui vit perpétuellement la même journée et qui va en tirer toutes les possibilités imaginables, Harold Ramis va nous mettre en face de notre condition humaine. Notre vie n’est qu’une succession de mauvais choix que l’on ne peut jamais défaire et qui nous font passer à côté de l’essentiel. Phil a la possibilité de rejouer sans cesse cette journée et de construire tout le reste de sa vie en l’espace de centaines de jours qui resteront suspendus dans le temps. Alors que nous, pauvres mortels, nous laissons filer notre vie sans prendre conscience de toutes ces possibilités.

A côté de cela, Groundhog Day reste tout de même une énorme partie de plaisir, c’est indéniable et son scénario est absolument délicieux car étrangement très réaliste. On ne saura jamais comment ni pourquoi Phil revit cette journée mais l’écriture du film se focalise sur ce qu’il en fait. Le reste, on s’en moque.
Toutes les étapes qu’il traverse semblent couler de sources, de la surprise, à la résignation en passant par les excès en tout genre du personnage. Qui n’a pas voulu un jour s’empiffrer sans conséquence ? Qui n’a jamais souhaité retourner en arrière pour ravaler une phrase maladroite ? Et d’un autre côté, l’immortalité de Phil va devenir son plus lourd fardeau car malgré sa connaissance parfaite du monde qui l’entoure, il se retrouve désespérément seul, jusqu’au dénouement.

Il est en plus follement intéressant de constater que le maléfice se rompt au moment où Phil n’en a presque plus rien à faire et qu’il ne joue plus. Il se trouve lui-même après avoir cherché pendant des jours. Bien sûr, il devient meilleur mais à renfort de gros sacrifices et de belles erreurs (la série de baffes d’Andie MacDowell est à ce titre jubilatoire). Groundhog Day nous dit alors que la vie n’est ni plus ni moins qu’un jeu d’équilibriste entre la connaissance de soi et des autres et qu’il est parfaitement impossible d’y accéder en une vie. Finalement, Harold Ramis pointe du doigt notre condition d’humains imparfaits. Reste à savoir si cela est rassurant ou absolument effrayant. Je vous laisse juge, mais pour ma part, mon avis est posé.

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le 30 oct. 2013

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