La chose est symptomatique : il est autant, sinon plus, question d'Un jour dans la vie de Billy Lynn pour le format révolutionnaire dans lequel il a été tourné (et impossible à retrouver en salles dans l'Hexagone) que pour ses qualités de scénario. Que la technologie soit mise en avant de cette façon montre bien que l'essence même du cinéma, soit l'art de raconter une histoire, passe de plus en plus souvent après la pyrotechnie visuelle. Enfin, espérons que non. Quoi qu'il en soit, il est loin le temps où l'on découvrait les premiers films d'un jeune cinéaste taïwanais très doué : Garçon d'honneur, Sucré salé ... Non que l'oeuvre américaine d'Ang Lee soit inintéressante et ce sont d'ailleurs ses films intimistes qui ont le plus de valeur : Ice Storm ou, bien entendu, Le secret de Brokeback Mountain. Un jour dans la vie de Billy Lynn n'est pas non plus un film spectaculaire, les scènes d'action sont sèches et bien réalisées, le curseur étant clairement mis sur le décalage entre la vraie guerre et le fausse perception que l'on en a (avait) au pays, s'entend l'Amérique. Ce n'est pas une réflexion sur ce qu'est l'héroïsme et encore moins sur le bien fondé de combattre au Moyen-Orient (sauver le monde, ou le pétrole ?). La dualité entre l'action sur le terrain militaire et la représentation (exploitation) civile est un thème que l'on retrouve depuis longtemps dans le cinéma américain du Sergent York de Hawks au merveilleux Héros d'occasion de Preston Sturges. Un jour dans la vie de Billy Lynn est mis en scène de façon honnête, son interprétation tient la route mais son écriture est bavarde et lourde pour ne pas dire démonstrative et au premier chef destiné au public américain. Cette narration qui n'avance guère, entrecoupée de flashbacks, avec un début de romance plutôt incongrue, se révèle pataude avec une attitude somme toute médiane qui ménage la chèvre et le chou. Loin du pamphlet, apte à convenir à toutes les opinions : la guerre c'est laid mais il faut être courageux pour la faire. Ou comment réinventer l'eau tiède.

Cinephile-doux
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le 3 févr. 2017

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Cinéphile doux

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