Faut-il résoudre son problème ou bien le vaincre ?

Les mathématiques sont un assemblage abstrait de symboles qui n’ont de logique que leur illustration aux yeux de tous. Le concept est un acquis pour nombreux d’entre nous qui possédons les outils et les bons réflexes afin de jongler avec. De ce fait, il faut savoir apprécier le travail de Ron Howard à sa juste valeur car il exploite le sens d’une adaptation comme un vraie leçon de cinéma. Après ses prometteurs « Backdraft » et « Apollo 13 », on se plonge dans les écrits du livre de Sylvia Nasar. Akiva Goldsman hérite ainsi du scénario et ses prédispositions dans le milieu de la psychanalyse le place dans une écriture immensément symbolique. On oubliera pour l’occasion, ses dérapages en cours de route car on nous démontre par la suite que l’échappatoire est toujours possible.


Tout l’acheminement vers l’ouverture d’esprit prend un sens nouveau aux côtés du génie et nobélisé John Forbes Nash Jr. (Russell Crowe). On y découvre que les conflits qui se multiplient, tant intérieurement avec ses projections qu’extérieurement avec ses relations proches, comme son épouse. A ses débuts, on le sent libéré et plein de vie. L’obsession et le challenge sont une force qu’il dompte aisément, appuyé par ses notions mathématiques. Il en profite pour forger sa gymnastique calculatoire l’ayant rendu célèbre par la suite. Mais la lumière l’éblouit peu à peu pour laisser l’ombre de lui-même prendre le dessus à un moment critique. Tranché entre la réalité et l’inconscient, la paranoïa du mathématicien devient un danger pour sa santé. Afin de se libérer de cette prison mentale, son parcours est marqué par des coups de pression qui altèrent directement le cœur. Cela nous place comme observateur par intermittence, puis on s’immerge dans son esprit chaotique. On se permet ainsi de juger les actes du concerné tels des psychologues en apprentissage. L’invitation est appréciable, si l’on se laisse guider par un protocole où la raison devrait prendre le dessus sur les sentiments. Mais comme le cinéma est un art ouvert parmi tant d’autres, il faut savoir faire la part des choses pour tendre vers l’équilibre.


A priori, le schéma tracé reste conventionnel et ne propose pas plus de surprise que prévu. Le spectacle se déguste dans l’écriture et le script, amenant suffisamment d’ambiguïté pour nous occuper à la réflexion. Même s’il arrive que certaines étapes de l’aventure de Nash semblent être survolées afin de mieux étudier son anxiété mentale, on se laisse séduire par le cadrage qui rythme notre visionnage. On prend notre temps, comme dans une longue équation, où on simplifie un maximum d’information avant de passer à la ligne. Au bout, la réponse tant attendue mérite que l’on s’interroge sur la démarche, car le résultat importe peu en un sens. D’ailleurs, les outils mis à disposition ne sont pas clairement exposés. Par analogie à la vie intime du génie, il n’est pas nécessaire d’en connaître davantage et on se satisfait de la maigre description à son égard. L’intrigue est épurée en formalité et propose une lecture sobre d’une maladie d’actualité.


« Un Homme d’Exception » démontre que la force de l’esprit renforce celle de l’espoir. Le message sur le dépassement de soi suscite bien des débats sur l’acheminement vers le succès personnel. Et voilà où se trouve la subtilité de ce film. La formule vers la guérison est universelle, tout comme la « Théorie des Jeux » que Nash a mise en place. N’oublions pas que chaque individu diffère d’un autre que dans l’esprit et physique. La détermination derrière est droit que chacun doit gagner, comme le respect envers ceux qui nous soutiennent ou qui nous oppresse. Si l’on parvient à trouver l’équilibre, selon l’affirmation de Ron Howard, on reste maître de notre destin et aucun obstacle mentale ne devient infranchissable. Il arrive même qu’ils nous aident à mieux appréhender un problème particulier comme un autre !

Cinememories
7
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le 11 août 2017

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