Un chien andalou par Maqroll

Un classique entre les classiques bien entendu, qu’on a l’impression d’avoir déjà vu avant même de l’avoir fait tellement il est abondamment rapporté et commenté depuis plus de quatre-vingts ans. Ce court-métrage (à peine un quart d’heure) réalisé par Buñuel (qui se donne un petit rôle d’acteur au tout début du film) en collaboration avec Salvador Dali est un tournant du cinéma, à n’en pas douter, et c’est en cela qu’il occupe une telle place. Il est fréquemment souligné qu’il s’agit du premier film surréaliste. J’avoue que ce n’est pas cela qui m‘importe, étant assez peu sensible à ce courant. Ce qui me paraît plus intéressant de souligner est qu’il est, de manière très subtile, à la fois héritier du cinéma de Méliès, comme le montrent des trucages tout droit hérités du maître (qui ne le précède après tout que de vingt ans) et qu’il s’inscrit dans une rupture totale par rapport à ce premier cinéma en rompant radicalement avec la linéarité du récit et sa logique interne. Ne terminons pas sans donner un clin d’œil (!) à la fameuse scène du rasoir, citons l’accompagnement parfait de la musique de Wagner et saluons les séquences finales, magnifiques de poésie et de liberté. Un film essentiel de l’histoire du cinéma, qu’on le veuille ou non.