Ce film est une mine d'interprétation, et un très bon exercice au genre. Film pionnier d'une habitude dont on ne se lasse plus, il regorge de messages, de détails, de petits "trucs" qui nous paraissent pourtant si insignifiant.


On se plonge littéralement dans un subconscient, ou tout du moins sa représentation audiovisuelle. Dali et Buñuel déclarèrent d'ailleurs que le film n'avait pas de sens, et malheur à celles et ceux qui les croient, car plus qu'un film, c'est un livre où les lignes et les mots écrits en noirs ne valent rien, et où c'est cette écriture invisible que l'on doit rechercher. Un mystère à chaque plan, et une réponse différente à chaque fois, l’exercice d'interprétation du film est difficile au premier abord, mais une sorte d'habitude, de curiosité malsaine (ou non) nous forcent à décrypter et analyser les références freudiennes, d'interdit religieux, et surtout d’anti-bourgeoise de Buñuel qui pullulent le film.


Telle une main rongée de fourmis, représentant la noirceur de l'humain, ou le désir de la masturbation qui démange l'homme telle une armée de formes noires sortant de sa main.
Où le désir malsain du spectateur à observer la mort (chez autrui), et pire, à aimer cela. Les pianos à queue que tire le jeune homme, représentant le bourgeoisie, l'âne la religion avec les tables des 10 commandements et l'interdit du surmoi. Tous ces éléments multipliés par deux pour entrevoir l'éducation des deux parents.


Ce film est une psychanalyse de Dali, un mystère, car les interprétations restent diverses et à chacun la sienne. Le meilleur, c'est de se mettre en groupe, et de partager ses idées pour fleurir le sens de ce film qui semble pourtant si inexistant.


Tel un œil se faisant couper, c'est notre perception du cinéma qui est bousculé, c'est notre esprit critique mis à l'épreuve.
NB : Oui, le film fait preuve de ce qu'on appelle une "branlette intellectuelle" non pas moins de ses procédés filmiques que de ses messages. Une "branlette" propre à chaque art, tout aussi présent dans la littérature. La différence est que la littérature, pour prendre exemple sur Diderot, se montre moins.

SimonLC
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le 12 mars 2018

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Le Négatif

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