
Deux films sortent (pour l'un, c'est uniquement sur Netflix) cet automne sur le massacre du 22 juillet en Norvège. Celui d'Erik Poppe (sortie le 12 décembre), Utoya, 22 juillet, est une immersion totale sur l'île de la tuerie, en temps réel, montrant ce qu'ont vu ceux qui se trouvaient sur les lieux. C'est un film de terreur sourde, qui met mal à l'aise car s'apparentant à un exercice de voyeurisme rythmé par la répétition des impacts mortels. Un 22 juillet, de Paul Greengrass, ne consacre qu'une trentaine de minutes à l'explosion de la bombe à Oslo et au parcours sanglant du tueur à Utoya. L'ambition de Paul Greengrass est de montrer "l'après" attentats, en suivant en parallèle le retour à la vie d'un grand blessé, sa famille, le procès du terroriste, le comportement de son avocat et même les faits et gestes du premier ministre. Le réalisateur de Bloody Sunday est à son affaire dans ce type de film qui oscille entre émotion et information. Il peut ressembler parfois à une sorte de fiche wikipédia sur ces événements mais le cinéaste a le bon goût de ne pas surcharger tous les liens narratifs, même s'il est proche de la limite dans le dolorisme. Mais on ne peut pas reprocher au film de négliger Breivik, le tueur, et ses nauséabondes théories. Il est bien évident que là, Un 22 juillet a des vertus pédagogiques pour ceux qui ne se sont intéressés que de loin à ce massacre. Le film de Greegrass est plus grand public et plus "manipulateur", d'une certaine façon, que celui de Poppe. Voir les deux permet en tous cas de réfléchir et sonne comme un avertissement sur la fragilité des démocraties. Ce n'est pas nécessairement le type de cinéma que l'on a envie de voir tous les jours mais son utilité est indéniable, au-delà de ses qualités ou défauts formels.