
Relater un événement tel que celui du massacre d'Utoya ne doit pas être chose facile. Il faut mettre de l'émotion sans tomber dans le pathos larmoyant, être descriptif sans être voyeur, trouver un angle d'attaque qui sert de fil conducteur au film avec in fine, a minima, un message à transmettre. Avec Un 22 juillet, Paul Greengrass dont j'avais vraiment aimé Green Zone et Capitaine Phillips n'a pas su trouver la juste mesure dans ces différents éléments et a accouché d'un film d'un grande froideur.
Froid comme la Norvège, froid comme l'assassin, froid comme un tribunal, le film reste quasiment au niveau du reportage et n'arrive pas à nous emporter dans la détresse qui envahit les victimes prises au piège par Breivik, l'horreur qui submerge les familles ou la détermination du tueur, quoique celle-ci soit montrée de façon assez efficace.
En tant que parent, les moments d'émotion arrivent après la tuerie, lorsqu'il s'agit de retrouver son ou ses enfants et on n'a pas de mal à imaginer la détresse qui nous prendrait à ce moment là. Hormis ce moment, on assiste de loin au déroulement de l'action qui se limite schématiquement aux cadres de l'île, d'un hôpital et d'un tribunal sans dépasser ce triptyque pour aller plus loin dans l'étude sociale de la Norvège. A la vue du massacre, on est infiniment triste de ce qui vient d'arriver, mais malheureusement, avec ce film, cela s'arrête là.