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Passé maître dans l’art d’adapter un fait réel au cinéma, Paul Greengrass (Vol 93, Green Zone, Capitaine Phillips) s’empare brillamment de l’attaque terroriste survenue en Norvège le 22 juillet 2011 pour délivrer un thriller dramatique ample et immersif.


Plus que l’incroyable capacité du cinéaste britannique de nous plonger de plein fouet dans cette histoire tragique, avec tout ce que cela implique en termes d’intensité et de tension, c’est surtout ici l’écriture qui séduit. Avec une précision chirurgicale, le réalisateur de la saga Bourne s’attache effectivement à décrire le plus factuellement possible tous les événements qui entourent la tragédie. Outre l’attaque en elle-même, d’une violence insoutenable, le film nous donne ainsi à voir ses conséquences politiques et sociales à travers le destin de différents acteurs tels que le Premier Ministre de l’époque, les survivants de la fusillade, les familles des victimes, l’avocat du terroriste et, bien sûr, le terroriste lui-même. Un spectre de personnages relativement large qui permet au scénario d’offrir à l’événement toute la complexité qu’il mérite, contestant la démarche de l’assaillant sans jamais occulter les dérives démocratiques.


A travers ce triste épisode de l’histoire, le long-métrage met aussi le doigt sur la montée inquiétante de l’extrême droite en Europe, et sur la difficulté de nos gouvernements à y apporter une réponse politique satisfaisante. Un sujet complexe qui trouve ici un traitement d’une grande finesse, surtout que Greengrass a la bonne idée de s’attarder longuement sur la psychologie des protagonistes. A ce titre, par leur contenu lourd de sens, les échanges entre Breivik et son avocat s’avèrent absolument passionnants. En particulier d’ailleurs le dernier, qui conclut le film sur une formidable note d’espoir. Cela étant, la durée un peu excessive de l’œuvre (pas loin de 2h30) la rend parfois assez inégale, alternant les moments captivants et les longueurs douloureuses. Heureusement, ces 2h30 de cinéma sont ponctuées de performances d’acteur magistrales. De Anders Danielsen Lie, absolument glaçant dans la peau du terroriste, à Jonas Strand Gravli, émouvant dans le rôle de Viljar, en passant par Ola G. Furuseth, charismatique Premier Ministre, tous livrent en effet une interprétation saisissante.


Reconstitution glaciale de l’attaque terroriste norvégienne du 22 juillet 2011, Un 22 Juillet s’impose donc comme un thriller dramatique complexe, prenant et émouvant. Troublant de réalisme, le film ne décrit pas seulement les conséquences politiques et sociales de la tragédie, mais interpelle aussi profondément sur une tendance idéologique dangereuse, nécessitant toute la vigilance nécessaire.


https://cinerama7art.com/2018/10/15/critique-un-22-juillet/

Wolvy128
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le 15 oct. 2018

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