De quoi se laisser séduire. Transcendance est le premier travail solo d'un certain Wally Pfister, tout à fait inconnu au bataillon. Mais ce qui attire l’œil, c'est Christopher Nolan, en tant que producteur, auquel le nom apparaît d'emblée dans la bande-annonce, un sujet futuriste assez actuel quoique déjà vu, et aussi, un casting de rêve regroupant une quasi équipe typiquement nolanienne. Suffit de quelques recherches virtuelles pour se rendre compte que Wally Pfister n'est autre que le directeur de photographie de ce cher Nolan depuis Memento. Il y a donc du potentiel ! Cependant, je n'ai pas pu passer à côté de toutes les critiques, ultra négatives pour la plupart, qui ont fusé à son égard. Il faut dire que c'est impossible maintenant, avec tout ce qu'il y a autour de nous (et je n'ai pas pu également m'empêcher d'aller voir sa note sur SC ! Pauvre de moi !). Contre mon gré (et c'est vrai), je suis donc parti avec des appréhensions plutôt négatives...


Transcendance raconte donc l'histoire d'un scientifique, incarné par Johnny Depp, qui, avant de mourir, se fait transférer sa conscience dans un ordinateur, ce qui lui accorde ensuite un pouvoir démesuré, au-delà de ses rêves, au point d'en devenir inarrêtable. Le scénario n'est en soi pas très novateur. L'intelligence artificielle, on a déjà vu. Après, reste à savoir ce qu'en fait le réalisateur.


Narrativement, c'est confus. On se retrouve devant quelque chose qui peine à commencer, qui prend trop de temps à mettre en place son histoire, pour ensuite se développer à une vitesse insupportable et impossible à suivre concrètement. Le réalisateur a voulu la jouer à la Nolan, avec ces ellipses à tel point nombreuses qu'elles entravent toute bonne cohérence au scénario. Je retiens principalement l'étendue générale du pouvoir du héros, soutenu par sa femme. Cet instant du film, primordial dans le scénario, manque cruellement de profondeur et est laissé vulgairement à l'as. On passe du rien au tout et ça m'a un peu énervé.
Arrive la seconde partie, à mes yeux bien meilleure que la première. Une succession d’événements a lieu et met en place enfin un peu d'action. De quoi se divertir avec satisfaction et oublier un peu le before. La tension monte crescendo et le film gagne en intérêt, accompagné de parfaits effets spéciaux, simples et design, à la hauteur du budget.


Le casting est fort intéressant, à la Nolan comme je l'ai dit. Malheureusement, tout comme le scénario, c'est un point un peu laissé de côté. Les acteurs ne brillent pas et ne sont là que pour faire les pions. Ils ne sont qu'un aspect commercial parmi tant d'autres dans le film. Nous les connaissons tous, nous les aimons tous donc nous les voulons tous, rien de plus ni de moins. Et il est initialement difficile de donner une quelconque crédibilité à un Johnny Depp, sur la descendante, et pas déguisé en plus ! Mais je pense qu'il faut passer tout de même au delà de ça, car il reste sympathique. Cillian Murphy en flic du FBI cliché, avec sa tête si particulière ? Je pense qu'il faut revoir la distribution. Et Morgan Freeman, qui ne fait rien d'autre que du Morgan Freeman, c'est-à-dire un gentil intelligent et bienveillant. Seule Rebecca Hall m'a séduit et est parvenue à se détacher des ces artifices...


Au final, Wally Pfister a insisté sur le côté ultra design de son film aux détriments de son scénario et de ses acteurs, ce qui n'est pas très étonnant car il nous prouve ouvertement qu'il est avant tout un directeur de photographie et non réalisateur. C'est clair, le visuel envoie, les effets spéciaux réjouissent mais le tout est trop factice, effleure seulement les choses et rend le jeu des acteurs davantage artificiel qu'original. Alors pourquoi 6 ? Juste parce que j'estime que le film vaut tout de même bien plus que sa note générale et de ce qui s'en dit. Il est vrai que cela souffre d'imperfections et de maladresses, mais j'en trouve malgré tout quelques ambitions intéressantes. Ce n'est pas si mauvais. Un directeur de photographie a eu l'audace de s'essayer en tant que réalisateur. Il livre quelque-chose de morcelé et hasardeux mais malgré tout respectable.

langpier

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