Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

L'histoire avait été bouclée avec une tendresse et une émotion peu communes, doublées d'une astuce et d'une perfection technique sans égale. Toy Story, la saga fétiche, pouvait tranquillement s'inscrire au sommet du panthéon Pixar des réussites inaltérables hissées au rang de classique instantanés.


L'annonce d'un quatrième épisode, surtout orphelin de son papa (un peu trop) touche à tout avait donc de quoi laisser sceptique, surtout au moment où les génies de la lampe jouaient aux montagnes russes niveau inspiration et où certains remous agitaient les coulisses du studio. Puis vint la méga réussite des Indestructibles 2, rassurant sur la faculté de Pixar de chérir ses figures de proue.


Même si Toy Story 4 démarre sur une énième mission sauvetage, laissant tout d'abord un poil dubitatif, avant de laisser échapper presque malgré nous un truc du genre ouais, bon, ils commencent un peu à tourner en rond, là.


Et puis, peu à peu, la magie reprend ses droits, le message universel aussi. Celui qui constate qu'un enfant peut s'amuser avec trois fois rien, soit, ici, avec une fourchette, du fil de fer entouré de laine, des yeux gommettes, un bâton d'esquimau et un peu de pâte à modeler. En contrepoint de cette poupée défectueuse, qui n'a jamais pu faire le bonheur d'un enfant ou, simplement, partager sa vie.


Fouchette et Gabby Gabby figurent les deux extrémités du spectre. Dans lequel on retrouve tous les jouets fabuleux de la série, dont un Woody qui a du mal à faire le deuil d'Andy et qui subit le désintérêt de la petite Molly. S'il est à l'origine de l'aventure, le cow boy est plus souvent à la traîne, se battant contre les moulins à vent de sa nostalgie et de son importance qui décline dans le coeur de sa propriétaire.


Toy Story 4 semble emprunter les mêmes chemins que ses aînés. Alors que les nouveaux décors de fête foraine ou de magasin d'antiquité font souffler un vent de fraîcheur des plus salvateurs. Alors que certains passages font de l'oeil à de purs moments de terreur enfantine, avec ces marionnettes tout droit sorties d'un épisode de La Quatrième Dimension ou d'un Dead Silence. Alors que les nouveaux jouets volent littéralement la vedette. Si Fourchette souffre de son statut d'amusement improvisé, Gabby Gabby émeut, endossant un rôle voisin de celui de la petite Jessie de Toy Story 2, tandis que Bunny et Ducky emmènent l'humour de la série sur des pistes parfois non sensiques. Suivis de près par notre impayable Buzz suivant sa voix intérieure et par un Duke Kaboom des plus désopilants.


Reste la magnifique Bo Peep, qui ne faisait jusqu'ici que jouer les utilités. Transfigurée, active, futée, qui ne s'en laisse pas compter. Son duo avec Woody emmène la mythologie Toy Story vers de nouveaux horizons d'une folle liberté. On sent les prémices d'une comédie romantique. Avant que l'on devine une certaine idée du renoncement au bout de pourtant folles aventures.


Le programme reste donc le même, a priori : de l'action échevelée, une beauté graphique à tomber, des références bienvenues, un message universel et une émotion de tous les instants, toujours aussi surprenante puisqu'elle vient non pas d'humains, mais de bouts de plastique animés. On appelle cela de la magie. Et Toy Story 4, comme ses grands frères, en est irrigué.


Jusqu'au moment où l'on réalise que le film a été envisagé, pour Woody, comme un voyage initiatique. Si Toy Story 3 marquait la fin d'un cycle, Toy Story 4, lui, apporte un point final beaucoup plus intime, tout aussi déchirant et émouvant, allant même jusqu'à marquer la fin d'un clan que l'on croyait à jamais solide.


Toy Story 4 conserve donc intacte et protège jalousement la flamme mélancolique, sincère et épique d'une saga qui continue, plus de vingt quatre ans après, à toucher au coeur.


Behind_the_Mask, qui se demande ce qu'ils ont tous à sauter par la fenêtre.

Behind_the_Mask
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le 28 juin 2019

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