Toy Story 3
7.5
Toy Story 3

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich (2010)

Une conclusion parfaite pour une trilogie parfaite

On aimerait croire que Pixar Animation Studios aient volontairement attendu 11 années avant de signer la conclusion de leur trilogie culte alors que pourtant, il n'en est rien. En effet, après le succès de Toy Story 2 en 1999, l'idée de faire un troisième film est évoquée plus d'une fois chez le studio de Luxo Jr. mais celui-ci commence à vouloir d'avantage d'indépendance d'autant que les rapports entre Steve Jobs et Michael Eisner sont de plus en plus froids. Disney, jusque là distributeur et détenteur des droits sur les personnages et produits dérivés autour des films Pixar, entend bien vouloir profiter du filon un peu plus vite.


Cela amène en 2005 à la création de Circle 7 Animation, un studio d'animation mineur créé par Disney dans le but de produire des suites Pixar à bas coût (le chiffre 7 étant une référence aux 7 films Pixar sortis à l'époque). Outre Monstres & Cie 2 et Le Monde de Nemo 2, c'est Toy Story 3 qui est privilégié par rapport aux autres suites et de ce qu'on a pu retrouver parmi les storyboards et les divers éléments du script, il y avait de quoi avoir peur. Le scénario de base se contentant de nous resservir l'intrigue de Toy Story 2 mais en inversant les rôles de Woody et Buzz (plus de détails dans ma liste "Disney et Pixar: Ces suites qui ont failli voir le jour" plus bas).


Fort heureusement, Roy Disney et d'autres font pression que pour Michael Eisner débarrasse le plancher et cède enfin sa place de PDG de la Walt Disney Compagny. Ce qu'il fera un an plus tard. Bob Iger le remplace et a l'excellente idée, afin de cesser la guerre froide entre Mickey et Luxo Jr., de tout simplement racheter Pixar. Circle 7 Animation n'a même pas le temps de sortir le moindre produit et ferme ses portes sur le champ.


Le projet Toy Story 3 est sauvé et peut maintenant être relancé entre de bonnes mains.


C'est ainsi qu'arrive en 2010 la tant attendue conclusion de la trilogie Toy Story. L'accueil critique est élogieux et le succès commercial dépasse toutes les attentes amenant Toy Story 3 à devenir le premier film d'animation ayant dépassé le milliard de $ de recettes dans le monde (hors-inflation bien sûr) et même le plus gros succès pour un film d'animation de tous les temps (avant que Disney ne "riposte" 3 ans plus tard avec La Reine des Neiges mais nous en reparlerons).


Douce ironie n'est-il pas que le principal facteur de la réussite de Toy Story 3, à savoir ses 11 ans d'attente nécessaires, est dû à une vilaine dispute interminable entre Disney et Pixar?


Car il faut bien le dire, Toy Story 3 n'aurait jamais été aussi réussi et n'aurait jamais ému tant de spectateurs s'il était sorti 2-3 ans après Toy Story 2.
En 11 ans, les deux premiers Toy Story ont réussi à grossir d'avantage leur communauté de fans, leur popularité a explosé et les films ont été exploités sous bien des formats (notamment, pour ne citer qu'elle, la très sympathique série Les Aventures de Buzz L'Éclair produite par Disney).


Avec Toy Story 3, il est enfin clairement dit que le but de la trilogie était que le spectateur puisse ressentir les mêmes émotions et apprendre les mêmes messages qu'Andy, le possesseur de Woody, Buzz, Jessie et tous ces jouets cultes.
Les trois films Toy Story ne se sont jamais contentés de nous proposer uniquement des divertissements familiaux avec des jouets, ils ont avant tout tiré profit du fait que chaque enfant dans ce monde a adoré jouer avec ses figurines encore et encore durant une période de sa vie avant de finalement tourner la page et passer à autre chose tout en gardant de bons souvenirs de ses loisirs des années plus tard .


Il en est de même pour tous les spectateurs qui ont suivi Toy Story. Et pas nécessairement ceux qui ont découvert le premier ou le deuxième film au cinéma. Tout le troisième film est teinté de nostalgie.
L'introduction envoie la couleur en nous remettant la chanson tant connue des deux premiers films "Je suis ton ami" de Randy Newman toujours en forme le tout avec un générique faisant défiler les images de la vie d'Andy.
On nous replonge immédiatement dans nos vieux souvenirs. Même ceux qui découvrent la franchise pour la première fois comprennent l'intention de réalisation.


Toy Story 3 nous met à l'épreuve pour savoir à quel niveau nous sommes attachés aux personnages de la trilogie. Contrairement aux deux précédents volets, nos héros se savent jamais où aller, quel choix prendre et à qui se fier. Leur vie de rêve est finie. Ils ont attendu ce moment pendant de longues années et maintenant qu'ils y sont, c'est la confusion la plus totale suite à un malentendu.


À partir de là, le spectateur ne peut JAMAIS savoir comment le film va se finir. Lee Unkrich installe toutes sortes de sous-intrigues pour brouiller les pistes. Tantôt rassurantes (la chambre de Bonnie), tantôt effrayantes (la Garderie), tantôt impossibles à définir (le grenier chez Andy).
La réussite est si grande que les artistes de chez Pixar ont même réussi à nous faire douter quant au destin des personnages. Où qu'on aille, on verra systématiquement un spectateur dire qu'il a crû que nos personnages préférés allaient mourir lors de


la scène de la Décharge


, une séquence absolument remarquable, une des meilleures de la trilogie, parfaitement mise en images et extrêmement nerveuse.


Pour autant, Toy Story 3 n'oublie jamais de s'adresser à tous les publics. Les enfants peuvent alors se régaler devant les nouveaux personnages tous mémorables. On retiendra avant tout le formidable duo Barbie/Ken qui réserve de nombreux rires. Mais c'est le Buzz L'Éclair version Espagnol qui remporte la palme du fou rire tant chacune de ses interactions est hilarante.


On a tous analysé et commenté la séquence finale et je crois qu'il n'y a rien de plus à dire. C'est juste la meilleure fin qu'on pouvait donner à cette trilogie. Une manière formidable de dire au revoir aux personnages que nous avons suivi pendant 15 ans et une manière formidable pour Andy lui-même de dire au revoir à ces personnages.
L'émotion était au rendez-vous en 2010. Et elle l'est encore plus aujourd'hui.


Les quelques courts-métrages qui suivront seront plus ou moins appréciables. Anecdotiques mais ils remplissent pour la plupart leur contrat.
Je ne pense pas par contre que c'est une surprise si je dis que l'annonce de Toy Story 4 en fin 2014 m'a littéralement mis hors de moi. Rien que par son existence, ce quatrième volet démolit d'avance toute la superbe morale des trois films, un exploit.
Pour autant.... je ne crie pas tout de suite au massacre pour ce que vaudra le film en tant que divertissement. L'équipe est compétente, il y a peut-être de l'espoir pour que ce retour soit finalement appréciable. Réponse en Juin 2019.


En attendant, j'ai tout le temps de me refaire les Toy Story un par un encore et encore jusqu'à la sortie du 4. Encore merci Pixar pour cette trilogie exceptionnelle.

Créée

le 18 févr. 2016

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Walter-Mouse

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