Le terminator déprogrammé !

Trois ans après le succès international du long-métrage Robocop, le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven achète les droits d’un roman écrit par Philipp K. Dick, l’un des plus grands pionniers de la littérature de la science-fiction, pour mettre en œuvre une réalisation futuriste nous faisant participer à une réflexion assez frappante : Faire la différente entre le rêve et la réalité. En narrant le parcours héroïque d’un ouvrier ayant pris connaissance qu’il était un agent secret auparavant, le réalisateur jongle avec habileté et assurance le vrai monde et celui de l'imaginaire, sans nous faire savoir dans lequel des deux univers on vit à chaque scène. Il le fait d’une simplicité assez inouïe, avec une histoire bancale d’un héros qui doit se battre pour libérer la population de la planète rouge d'un gouvernement tyrannique et dominateur. Avec ce long-métrage dans sa filmographie, le fameux Arnold Schwarzenegger confirme une nouvelle fois son statut d’homme d’action, au sommet de sa forme, dans la peau d’un héros perdu dans ses pensées et doté de techniques de combat avancées.

Face à lui, Michael Ironside et Ronny Cox affirment leurs rôles de méchants sans la moindre désinvolture. Ces derniers s’imposent très bien à l’écran et s’acharnent sur le mastodonte avec insistance, secondés par une Sharon Stone aussi sensuelle qu’attirante en tant que Lori Quaid, une femme séductrice et cachant bien ses manigances. Accompagnant Arnold dans ses péripéties, Rachel Ticotin est une actrice arborant à merveille une allure de bad girl téméraire mais de temps en temps, son jeu d’actrice me laisse à désirer. Outre d'un casting géré en tout professionnalisme, le cinéaste a su construire adéquatement un film d’action en appliquant une base scénaristique juste, avec une mise en scène manœuvrée sans la moindre anicroche, bien qu’on puisse regretter que la plupart des décors fassent un peu trop vintages ou badins, sans omettre du maquillage assez exagéré et grossier.

Cependant ! les défauts que je viens de mentionner sont largement compensés par un bon lot d’éléments de bonne qualité comme l'humour décomplexé et omniprésent régnant dans ce film, ainsi quelques visions tape-à-l’œil comme la femme aux trois seins ou le fait de voir Arnold portant une serviette enroulée sur son crâne.De très bonnes idées bien concoctées par le réalisateur, sa profession est tout à fait honorable pour avoir faire preuve de beaucoup d'imagination, et surtout pour avoir peindre un univers où l’action, l’humour, le sexisme, la violence et le gore cohabitent sans accroc dans un long-métrage d’une durée deux heures, sans qu’on bascule dans un genre ou dans un autre pendant le visionnage, avec quelques répliques ou punchlines qui font mouche à tous les coups. De plus, si on peut reconnaître un talent de la part du cinéaste, ce serait sa manière de truffer ses films de scènes d’action rythmées, calibrées et pratiquement non stop. Ce qui est bien le cas de Total Recall où Arnold ne cesse pas de courir, de distribuer des coups de poing et de tirer vers tout ce qui est menaçant pour lui sur une large durée du long-métrage.

Un vrai plaisir jubilatoire cinématographique, renforcé par des effets spéciaux délivrant un certain charme assez prenant et une ambiance générale sonore magistrale. Bien que je ne l’aie pas lue le roman, je ne saurais dire si l’adaptation cinématographique est conforme à la vision de l’écrivain. J’ai vu une réalisation où le cinéaste ne semble pas avoir sous-exploité la thématique des rêves et de la réalité, il a tout fait pour remettre en question certaines scènes, à savoir ce qu'on doit croire à ces instants précis. Tout simplement une grande et exemplaire référence de film d’action et SF, avec un sujet qui fait grandement réfléchir. Une œuvre cinématographique mettant grandement en valeur deux monstres du cinéma américain. 8/10    

• Tu n’es pas toi, tu es moi.


• Sans blague…