Pete Mitchell,dit Maverick,est un aviateur surdoué de la Navy mais son caractère fougueux et indiscipliné a nui à sa carrière.La cinquantaine bien tassée,il n'est encore que capitaine et est très mal vu de ses supérieurs.Mais voilà qu'il est bizarrement choisi pour préparer une mission extrêmement risquée pour laquelle il doit former de jeunes pilotes d'élite.Il doit pour cela revenir à Miramar,la base californienne où il a lui-même été élève il y a plus d'une trentaine d'années.Outre les difficultés du boulot,il doit en outre se coltiner Rooster Bradshaw,le fils de son défunt équipier décédé par sa faute.Donner une suite 36 ans après au méga hit de Tony Scott paraissait être une idée moyenne,ce qui se confirme à la vision de ce film bien fait mais sans âme et très inférieur à son modèle.Peu de rescapés de l'épisode initial ici mais on retrouve cependant Jerry Bruckheimer et la Paramount à la production,le musicien Harold Faltermeyer,Val Kilmer pour une courte apparition et bien sûr la star inoxydable Tom Cruise qui reprend le rôle emblématique qui l'a consacré.Pour le reste c'est bien foutu mais sans génie.Le fric dégouline sur l'écran,on a mis les moyens et embauché de solides professionnels.Joseph Kosinski,qui avait déjà réalisé la suite de "Tron",maîtrise à peu près le grand spectacle,la photo de l'excellent Claudio Miranda tient la route sans faire d'étincelles,la musique de Faltermeyer,associé pour l'occurrence à Hans Zimmer,est bien sans plus.Quant au scénario,il se contente de s'inspirer de celui de "Creed",dans lequel Rocky Balboa prenait en main le destin de boxeur du fils de feu son ami Apollo Creed.Le tout donne un film passable et dispensable qui se consomme agréablement mais peine à entretenir la légende.En revoyant "Top Gun" aujourd'hui,on éprouve de la nostalgie,en se tapant "Maverick" on ressent un certain désenchantement.Clairement la magie a disparu,plus de Scott's touch,plus de filtres de couleurs,plus de combats aériens bluffants de réalisme et rien que des effets spéciaux de jeu vidéo,plus de musique planante à la "Take my breath away",plus de Charlie,l'amoureuse de Cruise que jouait Kelly McGillis,évacuée sans la moindre explication.Les mecs font ce qu'ils peuvent pour recréer l'ambiance et faire illusion mais ça ne prend guère.Revoici donc la base,ses tarmacs et ses hangars,moins et moins bien filmée qu'autrefois,le bar où se réunissent toujours les pilotes pour décompresser,les jeunes aviateurs frimeurs qui se chambrent,les amiraux antipathiques qui briment le héros et l'engueulent tout en le laissant systématiquement n'en faire qu'à sa tête et la mission finale périlleuse qui révèlera le courage et les talents tout en soudant la troupe pour l'éternité.Des figures imposées qui défilent tranquillement mais le coeur n'y est plus.Le fond de l'affaire est donc la relation compliquée entre Maverick et Rooster,ce jeune dont il a essayé sans succès de saboter la carrière en voulant le protéger du funeste sort de son paternel.Bradley déteste Pete au départ mais bien sûr ils vont progressivement se rapprocher pour in fine devenir les meilleurs amis du Monde.C'est sans surprise,tout comme la romance basse tension entre Maverick et son ex Penny,sortie d'on ne sait où et qui tient désormais le bistrot des bidasses.Leur amourette soporifique donne lieu à des scènes trop longues et sans intérêt qui flinguent le rythme du film.Quant à la fameuse mission impossible,elle sera plombée par les invraisemblables aventures à rebondissements de Mitchell et Bradshaw,du genre grand n'importe quoi à la sauce WTF.Reste Cruise,toujours beau et sportif,qui continue à piloter comme un as,à désobéir aux ordres et à faire de la moto en bord de mer en arborant ses lunettes de soleil trop classes et son blouson d'aviateur qui en jette.Il assure et heureusement car le reste du casting n'est pas au zénith.Les nouveaux pilotes ont peu de personnalité,à commencer par le médiocre Miles Teller en Rooster.Seul le carnassier Glen Powell en Iceman new look parvient à imprimer la pellicule.Signe des temps,il y a beaucoup de diversité ethnique dans l'équipe et,horreur,même une fille qui fait naturellement mieux que la plupart des hommes.Sinon Jennifer Connelly se montre transparente et Ed Harris passe si vite qu'il ne sert à rien,mais Jon Hamm est très bon en amiral gueulard.L'émotion surgit cependant parfois au détour d'un plan,comme lorsque Bradley se met au piano du bar pour interpréter la chanson que son père jouait autrefois au même endroit,avec flashback de 86 à l'appui,ou lors de la rencontre crépusculaire entre Maverick et Iceman,bien que l'utilisation ici faite de la maladie bien réelle de Kilmer soit quelque peu malaisante.

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le 10 mars 2023

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