Maintenant, on ne joue plus

La lumière se rallume, le générique déroule, la chanson s'étire... Et on réalise, devant la fin de ce Tomb Raider new look, que l'on vient d'assister à ce qu'il n'est pas interdit de nommer comme un gâchis.

Les premières minutes du film ont laissé en effet un sale goût dans la bouche. Entre cette séance de combat, qui, bien sûr, fera écho au duel final, et cette course à vélo totalement hors sujet, on se dit que les producteurs à l'origine de ce truc ont encore une fois fait n'importe quoi sous prétexte d'une adaptation de jeu vidéo populaire. Misère...

C'est que c'était bien, derrière la manette, le reboot de Tomb Raider. Il y avait ce souffle épique de l'aventure, cette ambiance, ce sentiment de liberté et d'exploration totale, teinté de tension. Il y avait aussi cette aura de mysticisme qui donnait goût tout particulier. Ah ! Qu'est ce que c'était bien !

Au point de se dire que la comparaison est loin d'être flatteuse et que le compte n'y est pas, au point que Lara se la joue même Peter Parker quand elle livre de la bouffe pakistanaise. A moins que ce ne soit indienne, allez savoir...

La déception grandit, jusqu'à ce que l'on rejoigne enfin l'Endurance où les amis de Lara figurent aux abonnés absents. Ouais... C'est de plus en plus mal parti, cette affaire.

Il faudra attendre la tempête et l'arrivée sur l'île du Yamataï pour enfin reconnaitre ce devant quoi on a trippé il y a maintenant cinq ans. Le film prend enfin son envol, même s'il souffre d'une adaptation calibrée pour le grand public aux enjeux bien définis, au méchant immédiatement identifié et sans nuances, ou encore d'une mise en avant de la relation père fille, assez niaise, avec la finesse d'un trente deux tonnes aux mains d'un chauffeur russe en pleine gueule de bois.

Mais enfin, l'atmosphère du jeu original est restituée, avec, par instant, une certaine forme de respect. Certaines scènes seront immédiatement reconnaissables et convoqueront les excellents souvenirs vidéoludiques. Les clins d'oeil sont nombreux et plutôt bien amenés et bien enchainés. Au point de reprendre confiance dans le fauteuil rouge, même si beaucoup de détails du scénario du jeu passent à la trappe. Mais on se surprend à aimer cela, à être distrait de manière assez anodine et efficace. Le souffle de l'aventure, lui, est bel et bien là... En mode alternatif.

Et surtout, Lara gagne en charme et en attachement immédiat ce qu'elle perd en taille de bonnets et de bouche lippue à l'excès. C'est Alicia Vikander quand même, hein. Tout cela concourt à ce que le spectateur oublie des épisodes précédents tout aussi indigents que de triste mémoire. Les bons points s'enchaînent et on se dit que Tomb Raider, sans constituer un sommet de cinéma, est plutôt sympa à regarder...

Jusqu'à cette dernière ligne droite qui vire au n'importe quoi, tant elle s'inscrit dans les passages obligés du blockbuster en terme d'affrontement, de relations familiales et d'enjeu bateau. Et la bienveillance dont on voulait faire preuve en accordant un 6 sur Sens Critique sera rudement mise à l'épreuve, tant ce qui nous est promis pour la suite renouera sans doute avec les pires travers des films précédents.

Alors qu'il y avait enfin quelque chose à faire avec un tel jeu, seulement en y restant fidèle, tant tous les éléments étaient enfin réunis. Une occasion manquée, encore. Même si ce nouveau reboot s'avère regardable et recèle quelques jolis morceaux... Sans pour autant relever le gant.

Tomb Raider passe à côté de son adaptation cinéma. Jamais deux sans trois, la sagesse populaire ne mentira pas encore cette fois.

Dommage.

Behind_the_Mask, ou quand Lara mène pas trop...