Il n’est nul besoin de revenir sur le synopsis d’un film qui a lui-même marqué l’histoire du cinéma par l’explosion incroyable de sa popularité et l’extraordinaire succès qu’il eût à l’époque au box-office. Pourtant, rien n’aurait su prédire une telle réussite, et moins encore les producteurs complètement dépités avant même la sortie officielle de l’œuvre. La faute à un James Cameron qui avait vu très grand pour l’achèvement de son bijou personnel sur un sujet dramatique qui semblait-il le fascinait suffisamment pour s’acharner à le développer du mieux possible, et ce à force de rallonges de délais ou de budget, au grand dam des producteurs qui n’ont tiré sur le portefeuille qu’à la force de l’engagement (moral et financier) du réalisateur, lui-même tellement déprimé de constater à quel point son projet se révélait... titanesque à mettre en œuvre, qu’il aurait, paraît-il, tenté de se suicider avant la sortie du film. Sa carrière était en jeu, mais l’impact planétaire qu’engendra Titanic depuis sa sortie pansa bien des maux pour James Cameron, vainqueur finalement adoubé d’un pari très risqué. Il prit le même pari presque 10 ans plus tard avec la sortie d’Avatar, faisant autant parler de lui tout en divisant bien plus les opinions qu’avec Titanic.

Toujours est-il que mon dernier visionnage de Titanic remontait à près de 15 ans. Malgré la sortie du film en version 3D remasterisée qui m’eût en quelque sorte répugné lors de sa « nouvelle » présentation en salle, la 3D étant un argument commercial particulièrement indigeste, imaginant par ce procédé le début de la fin du cinéma, mais n’étant pas nécessairement figé sur un avis personnel, je me suis finalement laissé tenter. D’ailleurs, de nombreux réalisateurs jouent la carte de la résistance avec talent, et il s’avère finalement que seuls les blockbusters tentent l’argument 3D pour appâter les foules. Le cinéma n’est donc pas mort, loin de là ! Mais arrêtons ici les inepties pour traiter le fond du sujet : la version 3D de Titanic, vue avec lunettes sur grand écran grâce à un ami. C’est d’ailleurs à ce moment précis qu’une double révélation s’est imprimée en moi. Déjà, un film en 3D réussi (Life of Pi, par exemple, l’est également) propose au spectateur quelque chose de vraiment fascinant, éblouissant ses prunelles d’une fresque esthétique incomparable*. Je me serais cru revenu en couches-culottes au Futuroscope il y a près de 25 ans, éblouis que j’étais par une attaque de crocodile en 3D des plus impressionnantes. Car revoir Titanic avec une telle qualité d’image, d’autant plus qu’il s’agit exactement du type de film qui semble né pour être en 3D, fut vraiment une expérience unique.

Ensuite, je me suis également aperçu combien il serait désastreux pour un film comme Les 7 Samouraïs -pour ne citer que lui- d’utiliser cette technique. L’utilisation de la caméra n’a plus aucun sens en 3D, seule la qualité visuelle prévaut, afin de mieux stimuler l’immersion. Ce qui conduit à percevoir le cinéma en 3D comme une chose et une seule : un divertissement de grande envergure. Si l’on considère cette technique moderne de cinéma comme un simple divertissement, et non comme du grand cinéma, alors la pilule se digère bien mieux. Et divertissant, ce Titanic 3D l’est sans conteste possible : ce fut une claque énorme, et revenir en enfance avec un sourire inextinguible de plus de 3h, complètement fasciné par la qualité d’image, fut plus qu’un revisionnage. Ce fut une découverte incroyable, un divertissement de haute envergure, une explosion de couleurs qui irradièrent mes pupilles, peu habituées à un tel spectacle. 15 millions de dollars pour convertir le film de Cameron en 3D ? Le scepticisme n’aurait pas dû être ma réaction première, cette métamorphose s’apparentant finalement à une redécouverte totale du film, comme si, sans équivoque, ce dernier n’eût été complet qu’une fois modélisé en 3D.

La force immersive de ce Titanic 3D est incroyable. Sans cesse l’impression d’évoluer au cœur des personnages, de découvrir « comme si on y était » ce navire tristement célèbre, tout comme le détail impressionnant tant du grain de peau que de la texture des objets, sont vraiment mémorables. Considérant les efforts acharnés de Cameron quant à la fidélité de reproduction de l’immense Titanic, les prises de vues en mouvement, les perspectives, les personnages et les dimensions finissent par devenir tellement accessibles à l’œil que le simple concept de film perd tout son sens. Ainsi finit-on plus par s’imaginer comme sujet d’une visite guidée interactive d’un fragment de l’histoire, visiteur curieux d’une autre époque complètement ébahi par les trésors d’un autre temps qui se succèdent avec énergie en une harmonie d’objets de fascination picturale durant plus de 3h, nous transportant comme un enfant au cœur de ces turbulences particulièrement envoûtantes pour la rétine. Un spectacle grand public, qui séduit, subjugue les yeux, et divertit au plus haut point l’éternel gamin que je suis et resterai, l’espoir toujours intact quant à la pérennité de mon art favori.

*déjà mentionnée plus loin, je ne parle ici que de la dimension immersive et de la qualité d’image d’une 3D réussie.
Taurusel
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le 27 janv. 2014

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