On ne va pas se mentir, je n’attendais rien de particulier de ce deuxième volet des aventures du Dieu Nordique. Promo légère, bande annonce sympathique mais sans plus ne donnaient pas aussi envie que le nom de Shane Black sur une affiche ou la réunion de plusieurs super héros. Les aléas de la production n’ont pas aidé. On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé mais il est certain qu’il y a eu des frictions entre l’inévitable Kevin Feige et le réalisateur Alan Taylor, que celui-ci a bien failli quitter la navire et n’a probablement pas monté le film en intégralité. Carter Burwell, compositeur de la musique, a jeté l’éponge laissant la place à un Brian Tyler peu inspiré qui a dû faire le boulot en quelques petits jours.

On avait aussi la sensation finalement que Marvel se foutait un peu du long-métrage, préférant se focaliser sur les nouveaux personnages et Avengers Age of Ultron.
Et pourtant, Thor Le Monde des Ténbèbres est une bonne surprise.
Le film est loin d’être parfait mais les deux heures se regardent sans déplaisir, l’action est efficace et l’humour bien placé.

L’action se déroule évidemment après Avengers. Thor est parti mettre de l’ordre dans les Neufs Royaumes et Jane Foster guette des signes de son retour sur Terre. Dans un coin de Londres, elle va découvrir une zone de turbulence gravitationnelle où différents phénomènes se produisent. Un peu par hasard, elle va se retrouver téléportée dans un monde lointain, où est enfermé l’Ether – énergie qui, à la manière du cube cosmique, donne de la puissance à qui le possède. Arme ayant servis aux Elfes Noirs, ils vont détecter sa présence, se (re)mettre en quête du pouvoir et chasser le personnage de Natalie Portman alors planquée en Asgard. Voilà pour le point de départ d’une histoire qui se déroulera donc majoritairement sur la terre des dieux scandinaves et qui impliquera, en plus du méchant Elfe Malekith, l’inévitable Loki.

Cette histoire se suit avec plaisir car Alan Taylor parvient à tenir son récit de bout en bout, le ponctuant de scènes d’actions parfois très bien trouvées et de ce qu’il faut pour donner l’épaisseur nécessaire à des personnages que l’on connaissait déjà. Rythme efficace et soutenu, montage au poil. La narration de Thor 2e volet est bien plus réussie que celle de son prédécesseur et fourmille de bonnes idées à l’image d’une scène de taverne où Thor et ses camarades exposent leurs plans, scène entrecoupée par des séquences du dit plan mis en action, à la manière d’un film de braquage.

Comme je le disais au début, tout n’est pas pour autant parfait, le problème venant principalement d’Alan Taylor. Le réalisateur est connu pour avoir mis en scène des épisodes de Game of Thrones et il est manifeste que Feige l’a embauché pour sa capacité à savoir gérer de la fantasy. La série HBO étant dépourvue de scènes de bataille, il ne sait pas forcément comment les filmer. La première scène mettant en avant l’Avenger est en cela un gros merdier où tout un tas de figurants se tirent dessus dans une clairière rappelant celle de la plupart des épisodes de Stargate et sans qu’on comprenne vraiment ce qui se passe.
Visuellement d’ailleurs, le film ressemble à d’autres sans jamais parvenir à les égaler. L’introduction du film expliquant l’origine des Elfes Noirs est pompée sur l’introduction de la Communuauté de l’Anneau jusque dans la palette de couleurs, et d’autres passages rappellent Star Wars. Il faut ajouter à cela des modifications apportées à l’environnement d’Asgard. Le coté baroque et sombre façon cathédrale de Kenneth Branagh a disparu pour nous faire découvrir un monde peuplé de gens joyeux, de fontaines mignonnes, d’oiseaux dans le ciel et de terrasses arborées. Oui, comme sur Naboo ou à King’s Landing. D’autres éléments, dont le fameux Monde des Ténèbres qui n’est autre qu’un bête désert sombre, sont particulièrement affreux.

A coté de ça, certains passages comme une scène d’envol de Thor énervé ou certains éléments visuels fonctionnent mieux, comme le mélange global entre fantasy et science-fiction
Car, jusque dans son final terrestre, Thor Le Monde des Ténèbres est une œuvre de fantasy. Le premier film n’était qu’une origin story entre deux univers. Ici, Marvel montre que le studio est capable de jongler avec différents genres tout en faisant en sorte qu’ils forment un tout cohérent, ce qu’on pourra vérifier avec le premier film de science fiction de la saga, Les Gardiens de la Galaxie.

Nous sommes désormais habitués à la recette : les films adaptés des comics Marvel alternent action et humour et Thor The Dark World n’en est pas dépourvu. Là aussi, le film oscille entre moments où on a envie de se prendre la tête avec les mains (un running gag où un des personnages est constamment en slip) et d’autres moments plus réussis à l’instar du comportement de Thor décalé dans certaines situations du monde terrestre.

Le film se termine sur un plan maladroit signé Kevin Feige puis s’enchaine avec non pas une mais deux scènes post-génériques. Si la seconde à la toute fin est un gag idiot, la première est prenante car elle fait le lien avec Les Gardiens de la Galaxie. Si elle est intéressante pour l’évolution de l’intrigue globale de la saga, on espère qu’elle ne reflète pas pour autant le film de James Gunn. Mal éclairée, assez laide globalement, elle met en scène un personnage qui s’annonce d’ores et déjà horripilant (mais qui fera hurler de joie les fanboys du comic). Un peu dommage de finir sur une note décevante.

Mais au final peu importe. Malgré ses nombreux défauts, Thor Le Monde des Ténèbres s’en sort avec les honneurs. Pour un film supervisé par un producteur disons tatillon et cherchant d’avantage à remplir son tiroir caisse qu’à faire du très bon cinéma, il s’en tire comme il faut. On pourra lui reprocher d’être limité par Avengers (la dernière scène d’action aurait pû être digne de celle de New York mais doit bien se retenir pour faire plus léger) mais le film d’Alan Taylor ne prend pas le spectateur pour un idiot et délivre un produit suffisamment bien foutu pour qu’on passe deux heures à la cool. C’est un bon divertissement, qui aurait pu être bien meilleur, mais qui au final n’en a pas la prétention.
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le 24 oct. 2013

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