Loin de partager pleinement l'engouement des critiques et d'une bonne partie de la gente cinéphile à l'égard de l'Oeuvre de Ridley Scott il m'arrive pourtant d'en apprécier certaines parcelles, principalement Alien premier du nom et son récent Tout l'argent du monde. Je reste malgré tout souvent mitigé voire déçu face au style du réalisateur, que je juge peut-être à tord d'académique et/ou de standardisé, reconnaissant son savoir-faire mais déplorant un classicisme certes relatif mais sensible pour ma part...


J'ai longtemps rechigné à découvrir son Thelma et Louise, véritable film-culte des années 90 prenant la forme d'un road-movie féministe et libertaire : c'est désormais chose faite, à l'aune de la ressortie du film en version restaurée à L'espace Jacques Tati en cet été 2018...


Une chose frappe au regard de Thelma et Louise : sa profonde ambivalence, alimentée par un traitement dichotomique des sexes doublé d'une modernité morale somme toute assez salutaire. Entre audaces et manichéisme le film de Ridley Scott s'avère être un curieux paradoxe, à la fois pratiquement visionnaire en considération des manifestations sociopolitiques des années 2010 et péniblement binaire dans le même temps. De fait : si l'on excepte le personnage de Michael Madsen pas un personnage masculin n'est à sauver de ce pamphlet anti-hommes. Présentés comme des maris machistes ( Christopher McDonald, poussif ), des violeurs, des brutes épaisses ou encore des bandits de grand chemin sans scrupules ( Brad Pitt, plus jeune et sexy que jamais ) les hommes de Thelma et Louise laissent fortement à désirer, toisés par le canon de l'arme et les visages altiers du duo féminin.


On sent - plus de 20 ans avant la recrudescence des groupuscules féministes de tout poil - cette envie louable d'inverser les tendances et les rôles fortement ancrés dans la conscience collective. Si l'on aborde le film de Ridley Scott en le resituant dans son contexte il gagne donc en pertinence... Hélas aujourd'hui toute cette férocité et cette fausse insouciance maquillée en débandade semblent terriblement consensuelles en plus d'être - lâchons le mot - caricaturales. Si l'interprétation de Geena Davis et surtout celle de Susan Sarandon défendent magistralement le propos et les personnages la mise en scène et l'emballage général ne m'ont guère convaincu. De grosses réserves également sur le dénouement, que je juge regrettablement lourdaud et convenu. Déception.

stebbins
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le 31 août 2018

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