La scène d'ouverture de Thelma, dans la blancheur immaculée d'une forêt en hiver, est frappante et énigmatique. Son explication viendra par ricochet après plus d'une heure de film. On n'attendait pas forcément le cinéaste norvégien Joachim Trier sur le terrain du film de genre. Mais de quel genre d'ailleurs car si Thelma se présente comme une sorte de thriller paranormal, il porte aussi sur ses épaules tout l'héritage du cinéma scandinave. Pour faire schématique, le film serait donc une sorte de croisement entre Dreyer et Friedkin, de la période de L'exorciste. L'héroïne de Trier est incarnée par une surprenante jeune actrice norvégienne, Eili Harboe, dont le visage est capable, d'une scène à l'autre, de la faire ressembler à une fillette de 10 ans puis d'une femme de 30 ans. Pesanteur de la religion et d'une éducation très stricte, traumatismes mal digérés de l'enfance, refoulement, frustration et culpabilité : le cocktail n'est pas des plus légers mais le film, lui, au-delà d'une symbolique parfois très référencée, parvient à surprendre et même à fasciner dans un crescendo d'actions et d'émotions qui feront peut-être ricaner ceux que le surnaturel laisse de marbre mais qui devrait émerveiller les autres, si tant est que ce verbe soit vraiment adapté. En tous cas, ce n'est pas l'effroi qui domine alors que certains effets classiques de l'épouvante sont de sortie. Le réalisateur de Back Home et de Oslo, 31 août, est un auteur doublé d'un esthète. Thelma est un film autant élégant et sensuel que glacé et névrosé. Il faut tout de même un talent de premier ordre pour arriver à concilier toutes ces caractéristiques en un peu moins de 2 heures.

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le 5 nov. 2017

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Cinéphile doux

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