Après le visionnage, un mot me vient à la bouche pour décrire le film : "farfelu".
Jerry est, à première vue, un employé classique d'une usine toute aussi classique. Il mène une vie plutôt tranquille et solitaire : il travaille toute la journée, rentre chez lui, nourrie ses animaux, regarde la télé et sombre dans les bras de Morphée. Mais c'est sans compter ses séances chez la psy : le banal Jerry n'est peut-être pas si banal que cela finalement. Effectivement, s'il arrive à mener sa petite vie tranquille, c'est grâce à des petits médicaments lui permettant de ne pas dérailler et notamment de ne pas entendre de voix venues de nulle part. C'est ainsi que le film prend une toute autre tournure lorsque Jerry décide de ne plus prendre ses médicaments, préférant entendre des voix, celles de son chat (Mr Moustache) et de son chien (Bosko), plutôt que de se sentir seul chez lui. Ses deux animaux incarneront très vite le petit diable et le petit ange posés sur chaque épaule de Jerry : Mr Moustache le poussera à assouvir ses pulsions meurtrières, alors que Bosko tentera de toujours lui rappeler qu'il a un bon fond. Notre banal Jerry se transforme alors en serial killer, cédant aux ordres de Mr Moustache.
Un synopsis farfelu donc, incarné par l'inattendu Ryan Reynolds. En effet, qui l'attendait dans un tel film ? Résultat : inattendu mais surprenant. En effet, l'acteur arrive parfaitement à jouer cette double personnalité que peut avoir son personnage : le gentil Jerry et le méchant Jerry. Le Jerry attendrissant, maladroit avec les femmes, souriant. Le Jerry au regard vide, perdu, maniant le couteau à la perfection.
Cette opposition se ressent davantage encore dans le décor. Le Jerry vivant dans une jolie petite maison, propre et bien rangée, sublimée par une lumière chaleureuse. Le Jerry habitant en réalité dans un bain de sang : coulures pourpres le long des meubles, boîtes contenant des morceaux de corps humains entreposées de part et d'autre, saleté, noirceur... Nous sommes donc intégralement plongés dans cette dualité de personnalités.
De plus, Marjane Satrapi nous aide à sonder l'esprit de Jerry en nous replongeant régulièrement dans son enfance, permettant ainsi de mieux comprendre les réactions de Jerry au vu du choc émotionnel qu'il a pu subir. Petit bémol : le côté psychologique n'est peut-être pas assez poussé, se contentant finalement de la facilité. En effet, les comportements de Jerry se rapportent de manière trop évidente au choc subi lors de son enfance : les mêmes paroles, les mêmes faits et gestes.
C'est ainsi que je me permet de qualifier le film comme étant farfelu : un synopsis étrange, un personnage schizophrénique attachant incarné par un acteur inattendu et enfin un décor sublimant parfaitement toute cette atmosphère spéciale. Finalement, The Voices n'est peut-être pas le film de l'année, mais il mérite largement de ne pas être pris à la légère.