"You have to choose which one you'll follow."

Cinéaste atypique et discret, Terrence Malick présenta en 2011 l'un de ses films incontournables, si ce n'est son plus grand film. The Tree of Life fut présenté en compétition au festival de Cannes, il remporta la Palme d'Or. Les nombreux admirateurs du réalisateur attendaient ce film avec impatience, mais rien ne les préparait à ce qu'ils allaient voir.


En 2011 pour être honnête je ne connaissais pas du tout le cinéma de Terrence Malick, j'avais vaguement entendu parler de films comme La Ligne Rouge ou Le Nouveau Monde sans jamais les avoir regardés. Le festival de Cannes excitant quelques peu ma curiosité, j'ai jeté un œil sur la programmation de mon cinéma de quartier, et à ma grande surprise la Palme d'Or de l'année était diffusée dans la semaine. Plutôt heureux du choix de mon cinéma de programmer un film comme celui-ci, car bien souvent il est bien plus question de blockbusters ou de comédies dans ces programmations, j'ai donc décidé d'aller découvrir The Tree of Life d'un certain Terrence Malick. La bande-annonce étant magnifique je me suis dit que le sujet allait me plaire, et comme le reste des spectateurs j'ai été surpris parce que j'ai vu.
Cette séance cinéma fut l'une des plus marquantes de ma vie, et pas pour les raisons que l'on peut s'imaginer en voyant ce film dans mon Top 10, bien au contraire.


Je suis ressorti de ma séance en me disant : « Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir écrire sur ce film ? », je pense que pas mal de monde s'est posé cette question, surtout si comme moi on a découvert le film sans rien connaître du réalisateur.
Non pas que l’œuvre m'ait déplu, j'avais trouvé ça très beau, probablement les plus belles images qu'il m'avait été donné de voir dans une salle de cinéma. J'avais en moi un sentiment assez étrange, une fascination certaine pour ce film, mêlée à de l'incompréhension. A l'époque je me souvient avoir rédigé quelques mots parlant du côté religieux du film, des images magnifiques mais sans grand intérêt, d'un manque de rythme considérable et surtout d'une histoire avec du potentiel, mais jamais exploitée à fond. Quel idiot !


Comme beaucoup j'ai fait l'erreur de vouloir comprendre The Tree of Life, et j'étais un peu vexé de ne pas parvenir à le faire. Cependant malgré tout le film m'intriguait, et les mois passèrent le film sorti finalement en blu-ray, et un second visionnage s'imposa. C'est à ce moment là que The Tree of Life provoqua chez moi quelque chose d'indescriptible, car une chose est sûre, ce film a changé ma vie, ma façon de penser et de voir le monde, il m'a donné envie d'aimer, de rire, de pleurer, de vivre. The Tree of Life devint ce jour-là l'une de mes plus grandes expériences cinématographiques, celle qui me bouleversa le plus, au point de voir la vie différemment.
Le film ayant relancé chez moi un regain de passion pour le septième art, j'ai commencé à regarder la courte filmographie de ce merveilleux Terrence Malick, poète moderne, maître des mots et de l'image, philosophe et gardien d'un Eden dans lequel j'aime me réfugier désormais.


Tenter d'expliquer le film ? Entreprise ardue mais essayons quand même. The Tree of Life n'est pas une œuvre qui se veut logique ou forcément compréhensible, c'est une prière, une ode poétique sur la vie, la famille, la spiritualité et la nature. C'est une œuvre si vaste qu'il serait très long d'en faire une analyse, si bien entendu une analyse de ce film est possible. Alors je vais tenter de faire simple.


« Il y a deux chemin pour traverser la vie ... »


Nous parle-t-il de son enfance, d'une utopie ou bien tout simplement d'une histoire qui le touche ? Personne ne le sait vraiment, mais Terrence Malick nous propose ici un film qui parvient, si l'on y est sensible, à pousser le spectateur à se remettre en question, sur sa vie, sa foi ou tout simplement sur sa personne et ceux qu'il aime. Ce qu'il faut bien comprendre avec The Tree of Life, c'est essentiel je pense, c'est que ce n'est pas un film que tout le monde pourra aimer, il s'agit là d'une affaire de sensibilité. Si l'on est pas réceptif au cinéma de Terrence Malick, on risque de fortement s'ennuyer, pire même on risque de s'énerver en pensant que l'on est prit pour un débile. Le cinéma c'est aussi cela, il y a une multitude de films, et certains ne sont pas à mettre entre toutes les mains, The Tree of Life n'est qu'un film parmi tant d'autres, c'est tout.


C'est donc je disais un film qui nous rapproche de nous même, fort d'une symbolique révélatrice et contemplative, couronnée d'images magnifiques et d'une mise en scène fluide, douce et tendre. La technique est en quelques sortes abandonnée chez Malick, au profit des mots, des chuchotements, de la musique qui coule comme une rivière, des interprètes filmés au naturel.


«  Le chemin de la Nature et le chemin de la Grâce. »


Nous suivons donc ici le parcours de Jack, son enfance avec ses deux frères et ses parents. Le film s'ouvre avec la mère et le père qui apprennent la mort d'un de leur fils devenu adulte. C'est à partir de ce moment précis que le grand poème lyrique qu'est The Tree of Life commence.
Jessica Chastain incarne la mère (La Grâce), une femme aimante et attentionnée envers les siens. Pleine de tendresse et de douceur, l'actrice compose une Grâce pleine de pureté et terriblement captivante. Le chagrin de son personnage lorsqu'elle apprendra la mort de son fils, résonnera en écho avec les fondements de l'univers, tout ceci illustré dans un chapitre impressionnant sur la Genèse. Par ailleurs, il y a ici quelque chose de très singulier et propre à Malick, la notion de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. La douleur de cette mère, est aussi déchirante et dure que le cosmos lors de la création. C'est ce genre de symboles que Malick cherche à faire passer dans son film.
Face à la Grâce se dresse Brad Pitt qui incarne le père (La Nature), homme rude et autoritaire, il élève ses fils avec une main de fer, homme frustré se rêvant musicien, il se remettra lui aussi en question lorsqu'il apprendra la mort de son enfant. Sa prise de conscience se traduira notamment par un symbole qui fit rire beaucoup de détracteurs de Malick, et qui pourtant demeure pertinent. Mettant en scène un dinosaure délaissant sa proie, symbolisant que la vie n'impose pas des règles à suivre, si ce carnivore est capable de délaisser sa proie à demi-morte, pourquoi ce père n'a t-il pas été capable d'élever ses enfants autrement qu'avec autorité et humiliation ?
Les enfants sont quant à eux campés par de jeunes acteurs très talentueux, notamment Hunter McCraken qui incarne Jack jeune, personnage partagé entre ses parents, autrement dit c'est lui qui doit choisir le chemin qu'il souhaite suivre. Sean Penn incarne Jack adulte, l'acteur impose avec beaucoup de sensibilité, composant parfaitement le résultat de la dualité qui habita l'enfance de ce personnage.


Alors je m'arrêterais ici, The Tree of Life est une œuvre unique, au-delà des mots. Elle a eu un impact considérable sur ma vie, ce film m'a permis de grandir encore, il a renforcé mon amour pour le cinéma, me permettant ainsi de discuter avec des cinéphiles plus qu'intéressants, et ils se reconnaîtront certainement. Voilà ! The Tree of Life de Terrence Malick, un film sur la vie qui accompagnera la mienne pendant très longtemps.

E-Stark
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le 26 août 2013

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E-Stark

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