Un événement particulier qui a de lourdes conséquences pour la vie d'un couple (Snow Therapy) ou d'un individu (The Square). Les deux derniers films de Ruben Östlund sont construits de la même façon dans l'accomplissement d'une certaine théorie du chaos, source de dysfonctionnements multiples qui intéressent au plus haut point le cinéaste suédois palmé cette année. The Square est plus radical que Snow Therapy, moins cadré et plus riche en thématiques diverses et c'est sans doute ce presque trop plein qui constitue ses limites. Le film est assez imprévisible, étirant parfois certaines scènes et pas les plus confortables (le happening de l'homme-animal) et faisant l'impasse sur d'autres, pourtant évidentes dans sa narration. Le qualifiant à l'envi de poseur et artificiel, les détracteurs du film ont beau jeu de critiquer un film qui a pourtant le bon goût de nous provoquer et de mettre le doigt sur certains travers de notre époque. Il ne s'agit pas seulement de la satire de l'art contemporain, hilarante et pertinente, que celle d'un monde où les rapports humains sont régis par les distinctions de classes et où le marketing et la com' peuvent tout dire et son contraire, avec pour seul impératif de créer le buzz. Ce sont des évidences ? Pas nécessairement. Des messages assénés avec lourdeur ? Pas d'accord non plus, l'art d'Östlund est plus subtil que ne l'affirment certains, étayé par une mise en scène d'une précision chirurgicale et une bande son travaillé aux petits oignons. Encore une fois, Snow Therapy, plus centré sur son sujet, est plus efficace que The Square qui n'en est pas moins une brillante étude de moeurs qui ne vaut pas seulement pour la société suédoise. Et aussi des comportements humains, la lâcheté et le courage entre autres, évoqués avec un humour percutant et un brin de cynisme. Dans le contexte d'une sélection assez pauvre cette année à Cannes, The Square n'a pas volé sa récompense suprême que seul Faute d'amour de Zviaguintsev aurait pu lui contester.

Créée

le 8 juil. 2017

Critique lue 631 fois

5 j'aime

3 commentaires

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 631 fois

5
3

D'autres avis sur The Square

The Square
Vincent-Ruozzi
5

The Square. And what’s the point ?

The Square est une œuvre taillée pour la compétition. Des questions existentielles, une dose d’humanisme, un regard cynique sur notre société occidentale et en guise de cerise sur le gâteau, le film...

le 20 oct. 2017

93 j'aime

7

The Square
Tonto
4

Canul'art

Alors qu’il cherche comment faire la promotion d’une exposition d’un nouveau genre, dont le clou du spectacle est un grand carré censé représenter un milieu clos où les passants sont invités à...

le 17 oct. 2017

91 j'aime

45

The Square
pphf
7

Carré vide sur fond vide* ?

(*En référence à la toile célèbre de Malevich, son Carré blanc sur fond blanc, œuvre suprématiste, ambitieuse et délirante, dérisoire et dramatique quand on sait ce qu’elle a pu coûter au peintre ;...

Par

le 21 oct. 2017

74 j'aime

8

Du même critique

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

72 j'aime

4

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13