Après le triomphal The Father, le metteur en scène Florian Zeller poursuit avec succès l’adaptation de ses pièces de théâtre. Moins psychologique mais plus émotionnel, moins implacable mais plus touchant, son second film surprend tout en restant en terrain connu.

Le film s’ouvre sur une vision floue : celle d’un nouveau-né rassuré par le chant réconfortant de sa mère. L’ambiance ouatée et paisible de cet incipit contraste avec la relation tourmentée entre Nicholas (Zen MacGrath), jeune adulte de 18 ans, et ses parents. Affecté par un profond mal-être, cela fait plusieurs semaines que ce jeune étudiant erre et sèche ses cours, au dam de sa mère (Laura Dern). Cette dernière propose alors que Nicholas aille vivre chez son père (Hugh Jackman), qui vient d’avoir un enfant avec sa nouvelle femme. Pas sûr que cela suffise à remettre Nicholas sur la bonne voie.

Florian Zeller revient avec ce second long-métrage après le triomphe critique et public qu’était l’adaptation de sa pièce de théâtre The Father. Il continue sur sa lancée en adaptant un autre opus de sa trilogie « familiale » avec The Son. La similitude ne s’arrête pas là, puisqu’il reprend un dispositif similaire pour emporter le spectateur dans son histoire, à savoir un habile jeu avec les décors, la plupart du temps des appartements, pour mieux nous plonger dans l’état émotionnel de ses personnages. Alors qu’ils évoluaient et se métamorphosaient pour mieux nous perdre dans la démence dans The Father, les décors de The Son dégage une esthétique froide, implacable, évoquant un showroom de grand fabricant de meubles. Dès lors, difficile de ne pas partager le même stress et l’inconfort insidieux qui saisissent Nicholas dans cet environnement si parfaitement désincarné. Partie intégrante de cette toile de fond, les parents de Nicholas paraissent eux aussi bien loin et déconnecté des soucis de leur fils, malgré les meilleures intentions du monde.

Si ce dispositif est particulièrement efficace pour nous confronter à la détresse du fils, il est un peu moins convaincant quand il tente de traiter le reste de l’environnement familial. Contrairement à son précédent film, Florian Zeller s’attarde (ou se disperse ?) sur les autres membres de la famille. Le père souffre de sa caractérisation archétypique de parfait golden boy new yorkais programmé par et pour la réussite. Il a beau être impeccablement campé par Hugh Jackman, sa remise en question survient un peu tardivement pour qu’on éprouve de la sympathie à son égard. Les mères, qu’il s’agisse de l’ancienne ou la nouvelle femme du père de Nicholas occupent une place singulière. Bien que courageuse et bienveillante, elles restent en retrait réduisant ainsi la tension dramatique aux relations pères-fils.

Malgré cette dispersion familiale pas totalement convaincante et des ficelles scénaristiques parfois assez grosses, il faut bien admettre que Florian Zeller réussit son coup grâce à sa mise en scène habile et parvient à toucher et questionner autour d’un sujet grave et délicat. On attend The Mother de pied ferme.

el_blasio
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2023

Créée

le 26 févr. 2023

Critique lue 15 fois

el_blasio

Écrit par

Critique lue 15 fois

D'autres avis sur The Son

The Son
EricDebarnot
6

Le syndrome du second album et le fusil de Tchekhov

Il est arrivé à Florian Zeller la même mésaventure que connaissent les musiciens qui rencontrent un succès inattendu avec leur premier album, et qui se font descendre en flammes lorsqu’ils publient...

le 28 févr. 2023

45 j'aime

2

The Son
Plume231
3

The Father!

Le plus difficile, ce n'est pas de réaliser son premier film, mais son deuxième. Difficulté bien renforcée quand le premier a été bien accueilli. Généralement, tout le monde vous attend au tournant,...

le 4 mars 2023

22 j'aime

3

The Son
limma
8

Critique de The Son par limma

Après avoir exploré la maladie d'alzheimer avec The Father, Florian Zeller continue dans les adaptations de ses pièces de théâtre avec The Son et le thème de la dépression d'autant plus violent de...

le 16 févr. 2023

17 j'aime

7

Du même critique

Don't Look Up - Déni cosmique
el_blasio
5

Don't Watch Up

Malgré un postulat malin et bien-vu, cette farce s’avère être finalement assommante et répétitive. Un casting prestigieux et beaucoup d’agitation pour pas grand-chose. Cela fait une vingtaine...

le 10 déc. 2021

73 j'aime

3

Operation Fortune - Ruse de guerre
el_blasio
5

Mission: low-cost

Quand le roi du film thriller fun et malin nous propose une relecture de Mission : Impossible, on se dit « pourquoi pas ? ». Après le visionnage on se demande « pourquoi ? »Opération Fortune : Ruse...

le 9 déc. 2022

12 j'aime

Bienvenue à Marwen
el_blasio
5

Zemeckis fait son film fétiche

Avec cette étrange histoire vraie d’un homme qui affronte ses traumas dans un monde imaginaire composé de figurines playmobiles, on espérait un retour en grâce de Robert Zemeckis. Après avoir réalisé...

le 4 janv. 2019

12 j'aime

2