"Bonjour, je m'appelle Robert Pattinson, j'ai débuté dans une saga cinématographique sans âme qui a élevé les vampires au rang de Bisounours, alors maintenant je cherche à montrer que je suis un vrai acteur en acceptant des rôles couillus ou plus confidentiels". Bon, j'exagère, ce n'est même pas Pattinson le héros de The rover en fait, et même si je le trouve toujours assez insipide à l'écran, je préfère le voir dans ce genre de films que dans les immondes Twilight. Non, la vraie star ici c'est plutôt Guy Pearce, presque méconnaissable, qui se glisse dans la peau d'un type patibulaire, taiseux et légèrement antipathique qui n'a pas pas peur de jouer de la gâchette. Mais pourquoi tant de haine, me direz-vous ? C'est qu'une bande de voyous lui a volé sa bagnole, sa seule raison de vivre, sa seule alliée, dirait-on, dans ce désert post-apocalyptique où nous plonge le réalisateur, et son seul et unique but sera de la récupérer à tout prix. Et alors ? Vous ne le saurez qu'à la dernière minute, mais je préfère vous prévenir, la fin est vraiment décevante, limite risible.


Durant la première demi-heure, The rover fait un peu peur quand même, non pas à cause de ses quelques scènes violentes ou d'un suspens à couper ou couteau, mais par la faiblesse et la concision de ses dialogues, genre Schwarzenegger dans Terminator (ouais, à ce point-là), le lunatique Eric répétant tellement de fois qu'on lui a tiré sa caisse que ça en devient gênant. Heureusement, il finit par retrouver ses esprits, et permet enfin au spectateur de se laisser embarquer dans ce road-trip sauvage (mais lent). Réalisateur australien oblige, on a l'impression d'assister à une sorte de Mad Max sous prozac, à mi-chemin entre le western futuriste et le drame psychologique. L'atmosphère rugueuse, sèche et caniculaire du film, ainsi que son mystère sous-jacent, sont sans doute ses principales qualités, sans oublier, toutefois, une vision beaucoup plus réaliste de ce nouveau monde où règne la loi du plus fort. Car s'il y a bien une chose qui unit les deux personnages principaux, c'est l'absence de repères, le plus vieux les ayant perdus, le plus jeune n'en ayant peut-être jamais vraiment eu. Pour le reste, c'est tout juste s'ils se supportent : l'un semble solide comme un roc, l'autre constamment en état de fragilité ; l'un a des convictions profondes, l'autre est une girouette influençable au mental creux et insipide.


Si l'histoire et le propos du film finissent par émerger (la loi, la morale et la justice ont-elle encore un sens dans une société si hostile ?), puis intéresser avant que l'on ne perde patience, il faut bien avouer que The rover pêche par un flagrant manque de rythme qui rend l'ensemble un peu vain. Peut-être trouvera-t-il toutefois une place respectable dans la filmographie de Pattinson, et sur l'étagère des amateurs de thrillers nihilistes.

Psychedeclic
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le 19 août 2016

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