C'est tout d'abord le film qui me fait le plus rire de tous, voir Riff-Raff à la fenêtre du château observant Brad and Janet sous la pluie avec des zooms improbables, Meatloaf se faire zigouiller par nôtre satanique, dionysiaque, burlesque et tragique Frank n' Further, Susan Sarandon qui revendique vouloir être une "salope" et plein d'autres trucs qui seraient trop longs à énumérer, qui jouent bien sûr sur le détournement des films d'épouvante et de science fiction des années 30 à 50, des codes dans l'inconscient collectif qui nous apparaissent dès le premier visionnage mais ce n'est pas que du loufoque le RHPS.
C'est d'abord une véritable initation à un culte pour qui sera happé dans ce film-drogue, ôde à son époque , à la libération sexuelle, au plaisir, dans son éssence purement Rock n' Roll.La célèbre B.O glam and twist, sous ses mélodies qui invitent à la danse et à la décadence, révèle des textes profonds et est surtout hyper addictive depuis la magnifique bouche de Patricia Mc Queen (Magenta) jusqu'à la reprise finale et mélancolique de Science Fiction/Double feature qui nous laisse seuls au monde avant d'entammer un ultime Time Warp.
Inititation du spectateur, mais aussi des deux personnages du commun des mortels Brad and Janet, encrés dans la tradition puritaine américaine dont la métamorphose aux côtés des transylvaniens est plus encore qu'une simple invitation au voyage, mais vraiment une transmutation des codes malheureux de la morale en une épiphanie libératrice et éphémère.
Le montage du film est plus complexe qu'il ne parait, tout comme les effets spéciaux faussement kitchs et ratés, chaque plan pour moi reflète une véritable logique symbolique.Par exemple la scène du repas qui arrive sans trop de raisons (à part pour se nourrir d'un cadavre oui) fait office de jonction au spectacle final qui ne va pas sans rapeller la structure d'une tragédie grecque.Je ne pense pas aller trop loin en écrivant celà à propos d'un film très déjanté et sans m'aventurer dans une analyse qui pourrait m'échapper je trouve au film un puissant pouvoir cathartique et une réalisation qui ne tente jamais de raconter une histoire mais de nous montrer une histoire.
La perfection de ce film aux allures de perle irrégulière se termine alors dans une salle interactive où cette comédie est jouée en live par tout le public pendant la séance, où donc l'art et la vie se mêlent pour de bon ne faisant plus du cinéma un pur objet esthétique aux résonnances passives mais un morceau matériel et palpable de nôtre âme et je trouve que rares sont les films qui réussissent le tour de force sans du tout se prendre au sérieux.
Et le mieux, c'est qu'à chaque fois qu'on en prend une dose apparaissent encore plein de détails inédits et de nouvelles pistes de lecture! Merveilleux !!
Ligeia
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le 19 mai 2012

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Ligeia

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