The Revenant restera dans l'histoire comme le film qui fera que Di Caprio remporta enfin l'Oscar. Soit. Et c'est triste. D'abord pour la confirmation que pour avoir l'Oscar il faut se rouler dans la boue, cracher, grogner, subir une perte ou un gain de poid et des heures de maquillages. Ajoutez à cela la réputation d'un tournage horrible et vous obtenez les louanges du jury. Apres tout pourquoi pas, Di Caprio remporte l'Oscar pour l'un de ses moins bons rôles, mais si tout le monde le veut, soit.


Ce film est beaucoup trop long pour ce qu'il raconte. Et c'est horripilant quand dans un film de 2h30, au moins une heure est en trop. Pourtant le film débute assez incroyablement. Attaque des indiens, attaque de l'ours (les deux en plan séquences), ce sont réellement des scènes très réussies et épiques. Mais ensuite ? Au premier Chapitre du cinéaste qui se cherche un style, Iñarritu se prend pour Tarkovski. Après tout pourquoi pas, presque tout le monde cherche à être Tarkovski. De plus avoir Lubezki à la caméra fait que les plans échos ne sont pas scandaleux. Un hommage certes réussi, mais sans fond. Un hommage gratuit donc. Sans fond. Voilà le style d'Iñarritu : Du style sans fond.


Au deuxième chapitre du cinéaste qui se cherche, Iñarritu se prend pour Terrence Malick. Là c'est un peu plus grave. Quand Terrence Malick fait appel à Lubezki, c'est lui qui sert le propos de Malick. Chez Iñarritu c'est le contraire. À vouloir faire du Lyrisme Malickien on se souvient que l'on n'est pas Malick et qu'on ne sait pas monter. Vouloir faire des beaux plans en guise de transitions entre les séquences ne fonctionne plus quand on le fait systématiquement. Quant à la morale chrétienne : "La revanche appartient à Dieu"... Non non, le public ne remarquera rien. Si le film est à fond dans le mysticisme divin, on s'aperçoit que Iñarritu laisse la vengeance à Dieu, soit les Indiens : La nature. Pour Iñarritu, les Indiens d'amériques sont l'incarnation d'une sorte de divinité. A-t-on réellement besoin d'aller dans l'excès inverse pour rendre hommage à ce peuple ?


Au troisième chapitre du cinéaste qui se cherche, Iñarritu se prend pour un cinéaste — le fait est que ce film est un film démonstratif (Démonstration de tout ce que sait faire DiCaprio ; fourre tout d'idées de mise en scène d'Iñarritu, démonstration technique et virtuose de la caméra de Lubezki...). Je le soutiens : The Revenant est un film de Lubezki. Un film de Lubezki en roue libre. Plastiquement le film est magnifique (parfois). Le film s'ouvre sur une forêt inondée avec deux chemins séparés avec deux lumières différentes : Celle du soleil, orangée, et une autre bleutée (celle qui accompagne tout le film) annonçant déjà le parcours semé d'embûches du personnage. C'est beau.


Tout le monde est en roue libre. Tom Hardy sauve les meubles d'une opposition bancale entre un héros de western blessé voulant se venger et un ennemi cupide venant de l'intérieur, mais il reste lui aussi démonstratif au même niveau que DiCaprio, plaçant à tout prix (presque) tout ce que sait faire l'acteur. Niveau mise en scène, on observe une multitude de plans longs et des mouvements virtuoses. Pourquoi donc au final ? Qu'est ce que la mise en scène raconte ? Souligne ? Du style seulement. C'est beau, très bien. Mais à quoi bon ?


C'est exactement Mon sentiment général sur ce film qui n'est pas non plus catastrophique : À quoi bon ? Cette dernière phrase à quoi bon ? Un DiCaprio immortel à quoi bon ? Cette musique inutile et vide... Chez Iñarritu c'est toujours l'excès. Du trop pour rien. Mais après tout il faut bien de l'excès pour remporter un Oscar.

RoméoCalenda
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le 26 févr. 2016

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